Par Landry Ndriko Mayigane1
En choisissant comme thème de 2014 «Temps et climat: mobilisons les jeunes», l’OMM et ses Membres ont voulu inciter la jeunesse mondiale à prendre activement part aux questions météorologiques et climatologiques. À cet égard, j’aimerais décrire ici l’action que je mène pour favoriser la participation des jeunes d’Afrique et du reste du monde, dans le cadre notamment de la «mobilisation pour la justice climatique».
Beaucoup de jeunes du continent ont commencé à s’investir en 2006, lors du lancement de l’Initiative de la jeunesse africaine sur le changement climatique (AYICC). L’événement a eu lieu pendant la douzième session de la Conférence des Parties (COP 12) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) à Nairobi, Kenya. Le réseau a pris de l’ampleur et de la vigueur depuis. Avec plus de 10 000 membres dans 42 pays, il forme aujourd’hui le plus grand mouv ment de jeunes axé sur le changement climatique et le développement durable en Afrique.
Un grand nombre d’organisations internationales reconnaissent que l’AYICC est un groupe influent, dont la Commission de l’Union africaine, le Centre africain de politique climatique (CAPC), la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUE). En étroite concertation avec le Groupe YOUNGO, qui représente la jeunesse auprès du Secrétariat de la CCNUCC, le réseau s’emploie à étendre la participation des jeunes africains au processus de la Convention. Au cours des quatre dernières années, au-delà de 300 porte-parole de la jeunesse africaine ont assisté aux conférences internationales annuelles sur le changement climatique. Nous faisons nôtre la devise latine Nihil de nobis, sine nobis (Rien pour nous sans nous). En tant que jeunes d’Afrique, nous sommes résolus à contribue davantage aux discussions et initiatives internationales sur le changement climatique et à faire entendre nos voix et nos inquiétudes au sein des instances décisionnelles qui façonnent notre avenir.
Les membres de l’AYICC sensibilisent leur communauté au changement climatique et favorisent l’adaptation aux impacts de l’évolution du climat. Ils utilisent le réseau pour diffuser de bonnes pratiques. Ensemble, ils bâtissent une génération de jeunes africains conscients et résilients qui seront des agents de changement et des citoyens du monde.
La Caravane des jeunes africains pour la justice climatique
Cela a été l’une des mobilisations les plus sensationnelles; le slogan était «Nous avons foi – Agissons maintenant pour la justice climatique». Quelque 160 jeunes de 18 pays ont participé à cette tournée qui a démarré à Nairobi et a fait escale dans six pays – le Kenya, la Tanzanie, le Malawi, la Zambie, le Botswana et l’Afrique du Sud. Ils ont donné plus de dix concerts sur le thème choisi et ont offert une multitude de spectacles de rue, quel que soit le temps, en route vers Durban, où ils sont arrivés en décembre 2011 pour exiger la justice climatique à la COP 17.
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Caravane des jeunes africains à la septième Conférence de la jeunesse, Université du KwaZulu-Natal à Durban.- Équipe de la Caravane chargée des médias
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En qualité de parrain de la campagne «Nous avons foi», l’archevêque Desmond Tutu a remis à la Secrétaire générale de la CCNUCC, Christiana Figueres, la pétition qu’avaient signée plus de 200 000 personnes tout au long de la tournée. La Caravane était une initiative de l’AYICC et du Réseau des jeunes kenyans pour le climat (KYCN). Coordonnée par Winnie Asiti, Reuel Waithaka et David Wainaina, membres de l’AYICC, et soutenue financièrement par la Norwegian Church Aid, la campagne a réuni des organisations confessionnelles, des associations de jeunes, des ONG et d’autres acteurs de la société civile.
La plus grande réussite a été d’éveiller les consciences dans les villages isolés et les grandes villes, parmi les jeunes, les adultes et les personnes âgées, au sein des citoyens ordinaires et des hauts responsables. C’est encore aujourd’hui la plus grande initiative jamais réalisée en Afrique pour réclamer la justice climatique. Des groupes d’action se sont formés un peu partout. Ils s’attachent à résoudre les problèmes créés par le changement climatique qui frappent déjà leur communauté.
Connected Voices
Le projet Connected Voices (CV) (l’union des voix) a débuté en 2012, pendant la COP 18 à Doha, Qatar. Il offre aux jeunes de tous pays et de tous horizons la possibilité de faire connaître leurs attentes en matière climatique dans les enceintes internationales, par l’intermédiaire de pairs. Il réunit les messages de jeunes du monde entier et les transmet aux négociateurs qui participent directement aux sessions de la Conférence des Parties.
Quelque 1,5 milliard de jeunes, dans plus de 150 pays, ne sont pas directement représentés aux conférences des Nations Unies sur le changement climatique. Ils vivent surtout dans les pays en développement, qui présentent souvent une grande vulnérabilité à l’égard des effets néfastes de l’évolution du climat. Ce sont les principaux intéressés – leur avenir est en jeu – mais ils ne sont pas entendus. Le projet CV entend y remédier. L’année dernière, pendant la COP 19, Claire Anterea de la République de Kiribati, un petit État insulaire vulnérable des tropiques, situé au centre de l’océan Pacifique, a envoyé le message suivant: «Nous ne voulons pas être rayés de la carte du monde».
Ma mission au sein du projet est de mobiliser les jeunes et de veiller à ce que la voix de la jeunesse africaine sous-représentée soit entendue par ceux qui participent directement aux négociations. J’ai été très sensible aux paroles prononcées par le septième Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan: «Les jeunes devraient se situer à l’avant- garde du changement et de l’innovation dans le monde. Si on leur en donne les moyens, ils peuvent devenir des agents déterminants du développement et de la paix. Si, par contre, ils sont marginalisés, c’est la société tout entière qui s’en trouvera amoindrie. Nous devons donc prendre les dispositions qui s’imposent pour que tous les jeunes puissent participer pleinement à la vie de leur société.»
Je suis convaincu que nous – les jeunes – pouvons aider à résoudre les problèmes mondiaux. On devrait nous donner la possibilité de le montrer. J’invite d’autres jeunes à se joindre à nos actions afin de mieux se faire entendre et d’amplifier encore ce mouvement vers un changement positif.
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Landry pendant les négociations de la CCNUCC sur le changement climatique qui ont eu lieu en décembre 2009 à Copenhague, Danemark
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Liens utiles:
Alliance des jeunes pour le climat: www.rwanda-yaca.org
Alliance des jeunes pour le climat, engagement local de Landry: https://www.facebook.com/ pages/Rwanda-YACA-Youth-Alliance-for-Climate- Actions/360658207283160
Caravane des jeunes africains: http://www.sacc.org.za/content/ SACC%202012%20DOCS/NOV%202012/ We%20have%20faith.pdf
Caravane des jeunes africains en vidéo: https://www youtube.com/watch?v=MxFMAypNpc8
Initiative de la jeunesse africaine sur le changement climatique: www.ayicc.net
Initiative de la jeunesse africaine sur le changement climatique, profil de Landry: http://www.ayicc.net/dr-landry-ndriko-mayigane/
Projet Connected Voices: http://connected-voices.org/
Projet Connected Voices en images: http://www.flickr.com/photos/connected-voices
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1 Président fondateur de Rwanda #YACA (Alliance des jeunes pour le climat).