Le Système mondial intégré des systèmes d’observation de l’OMM

01 octobre 2013

Par Sue Barrell 1

La qualité et la diversité des services météorologiques ont marqué d’immenses progrès depuis quelques décennies, grâce aux avancées impressionnantes survenues dans la recherche, la modélisation numérique, les capacités d’observation (in situ et par satellite), l’informatique et les communications. Pour poursuivre sur cette lancée, une approche nouvelle et intégrée est nécessaire afin que le perfectionnement des systèmes mondiaux d’observation en surface et à partir de l’espace permette d’optimiser nos connaissances des conditions environnementales présentes et d’exploiter les données ainsi obtenues dans les produits et services de prévision du temps, du climat et de l’eau. Le Congrès météorologique mondial, sensible à l’intérêt d’une telle approche globale et concertée, a approuvé en 2007 la création du Système mondial intégré des systèmes d’observation de l’OMM (WIGOS), en tant que structure d’observation élargie de la Veille météorologique mondiale et cadre général d’observation de l’OMM.

Le WIGOS ne remplacera pas les systèmes existants; il établira plutôt un dispositif global destiné à coordonner le fonctionnement et à optimiser l’évolution de ces systèmes, qui continueront d’être exploités par les divers organismes et programmes qui en sont propriétaires. Il aidera aussi à utiliser au mieux les capacités d’observation actuelles et futures. Le WIGOS vise avant tout à améliorer les systèmes d’observation de l’OMM, mais des liens seront également établis avec les systèmes coparrainés ou extérieurs à l’Organisation, afin que les grands acteurs régionaux et nationaux soient associés à la réussite de cette démarche d’intégration.

La mise en oeuvre du WIGOS a débuté en 2012, après la phase d’expérimentation du concept (2007-2011); l’entrée en service est prévue en 2016. Les plans établis pour les régions et les pays doivent être approuvés par les conseils régionaux de l’OMM et par les autorités nationales avant d’aller de l’avant. Le but, dans un premier temps, est d’aider à fournir des services et produits météorologiques et climatologiques dans les quatre domaines prioritaires du Cadre mondial pour les services climatologiques, à savoir l’agriculture et la sécurité alimentaire, la réduction des risques de catastrophes, la santé et l’eau.

Intégration des mécanismes de gouvernance et de gestion

L’interopérabilité des systèmes d’observation et la compatibilité des données et produits climatologiques sont indispensables pour répondre aux besoins d’utilisateurs différents.

Le WIGOS assurera l’interopérabilité et la compatibilité en veillant au respect de pratiques exemplaires et de normes reconnues à l’échelle internationale. L’emploi de représentations et de formats normalisés des données favorisera aussi la compatibilité. Le WIGOS entend améliorer la qualité et la disponibilité des données et des métadonnées de manière à élargir et à faciliter l’accès à celles-ci.

La normalisation portera essentiellement sur les aspects suivants:

  • Les instruments et les méthodes d’observation utilisés dans toutes les composantes, y compris les éléments d’observation en surface et depuis l’espace (observations et métadonnées correspondantes);
     
  • Les échanges effectués au sein du Système d’information de l’OMM (SIO) et les services de recherche, de consultation et d’extraction de données (voir l’article page 23);
     
  • La gestion des données (traitement, contrôle de la qualité, vérification et archivage).

     
Integration des mecanismes de gouvernance et de gestion


En ce sens, la mise en oeuvre du WIGOS s’attache à intégrer les mécanismes, fonctions et activités de gouvernance et de gestion entre les systèmes participants.

Développement du WIGOS

Grâce aux normes internationales et pratiques exemplaires appliquées au sein du WIGOS, les Services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN) seront en mesure de relever les défis de demain en s’appuyant sur les réalisations du passé. Ils pourront exploiter les progrès de la technologie pour améliorer encore la fiabilité et la qualité des observations. L’expansion des systèmes d’observation intégrés permettra de produire des données à résolution temporelle élevée sur les principaux processus et variables atmosphériques associés au temps, au climat et à l’eau. Les nouveaux instruments et systèmes seront soumis à des essais en vue de comparer et d’évaluer leur efficacité et d’élaborer des directives pour leur intégration dans le WIGOS.

Comme dans le cadre de la Veille météorologique mondiale, les Membres devront planifier localement tout en adoptant un point de vue régional et mondial pour profiter pleinement de l’ensemble des systèmes en place. Aucun Membre ne saurait combler seul tous ses besoins; il est primordial de disposer de données externes et la dépendance à l’égard des observations mondiales augmente en fonction de l’horizon temporel (échéance courte ou longue pour prévoir le temps, échelle locale ou mondiale pour prévoir le climat). L’intégration des observations sur les océans et les terres émergées, par exemple, sera d’autant plus importante que s’affinent les prévisions saisonnières à interannuelles.

Au cours des prochaines décennies, le WIGOS aidera les Membres à mieux faire face aux phénomènes naturels dangereux, à améliorer la surveillance du temps, du climat, des ressources en eau et de l’environnement connexe et à s’adapter au changement climatique et aux répercussions des activités humaines sur le milieu naturel. Il ouvrira aussi de nouvelles possibilités en matière d’enseignement, de formation professionnelle et de développement des capacités. Ces objectifs, qui sont au coeur même de la mission de l’OMM, apparaissent clairement dans le CMSC. Grâce aux normes et aux techniques d’observation uniformes qui seront élaborées, le WIGOS contribuera à générer des produits et des informations de qualité contrôlée, favorisant ainsi le développement cohérent de l’infrastructure requise pour fournir des services climatologiques de grande qualité. Il faut pour cela disposer de systèmes d’observation mieux coordonnés et plus complets, que les SMHN sont seuls à pouvoir mettre en place en concertation avec leurs partenaires nationaux et internationaux. Le WIGOS répondra à cette nécessité en procurant de longues séries de données compatibles, soigneusement étayées, de qualité contrôlée.

Le développement du WIGOS sera dicté par les besoins à combler pour soutenir le développement durable, en privilégiant clairement la santé publique, la réduction des risques de catastrophes, la gestion des ressources en eau et la sécurité alimentaire, les énergies renouvelables, le tourisme, les voyages, les assurances et beaucoup d’autres secteurs. Il faudra analyser avec grand soin les nouvelles exigences et priorités afin que le WIGOS fournisse aux utilisateurs les observations présentant le degré d’exactitude et de résolution spatio-temporelle spécifié dans les délais prescrits. Pour ce faire, le WIGOS utilisera et optimisera les sous-systèmes de surface et spatiaux qui existent déjà, tout en permettant d’intégrer les nouvelles technologies d’observation.

WIGOS
Village de pêcheurs dévasté par le terrible typhon Haiyan, Guiuan, Philippines, 11 novembre 2013. - Erik de Castro / Reuters


Optimisation des réseaux de demain

Les SMHN et les autres fournisseurs de données devront se concerter quand viendra le temps de concevoir de nouveaux réseaux d’observation. Les outils offerts par le WIGOS aideront à minimiser les chevauchements et à optimiser la conception et la souplesse afin d’intégrer les nouvelles composantes après les vérifications et évaluations qui s’imposent. Il est probable que ces réseaux seront formés d’un ensemble de systèmes présentant une distribution spatio-temporelle optimale de points d’observation, de manière à répondre aux besoins des principaux utilisateurs et domaines d’application à l’échelle mondiale, régionale, sous-régionale et nationale, notamment les secteurs économiques et les communications. La composante spatiale du WIGOS jouera un rôle de premier plan dans la création de cet ensemble composite et palliera le manque d’observations dans certaines régions, les océans et les pôles par exemple.

Les Membres de l’OMM opteront sans doute, à l’échelon national, pour un réseau intégré de réseaux dans lequel l’infrastructure, les techniques et les procédures d’observation seront optimisées pour assurer la plus large couverture possible en fonction des besoins, incluant une redondance dans le cas des mesures essentielles. Ce genre de réseau devra associer l’ensemble des organismes de surveillance de l’environnement afin de profiter au maximum des données émanant de toutes les sources.

Un réseau intégré de réseaux conjuguera les approches classiques et novatrices dans une appréhension globale de la surveillance qui est appelée à évoluer sans rompre radicalement avec les relevés anciens. Il conciliera également les besoins des utilisateurs et les impératifs d’ordre opérationnel et technique, et fera appel à la redondance pour garantir la qualité, la fiabilité et la représentativité des données. Le fait d’établir différents niveaux au sein d’un tel réseau aidera à faire correspondre les moyens d’observation aux besoins et à intégrer les réseaux et les données externes.

Il importe, lorsqu’on envisage quelque forme de coopération internationale que ce soit, de remédier au déclin constant des capacités d’observation dans les pays les moins avancés. Au cours des prochaines décennies, les satellites combleront certaines lacunes sur le plan des données et commenceront à fournir les observations voulues pour procurer des services météorologiques, hydrologiques et océanographiques dans ces pays. Toutefois, même si les données provenant de satellites s’avéraient suffisantes pour certaines applications, la capacité nationale d’exploiter des systèmes d’observation reste essentielle pour couvrir l’ensemble des besoins, y compris dans le domaine de la surveillance du climat.

Partenariats et coopération

Le WIGOS aidera à mieux comprendre le système terrestre grâce aux partenariats qui seront noués par-delà les frontières, les disciplines et les organisations. La collaboration et la coopération revêtent une importance cruciale. En fournissant rapidement des informations fiables, les SMHN aident les décideurs à protéger la population et à empêcher que des dangers naturels ne provoquent des catastrophes. L’investissement dans l’information et les services météorologiques, climatologiques et hydrologiques a des retombées économiques bien supérieures aux sommes engagées au départ et concourt au bien-être et à la prospérité de tous.

Le WIGOS sera au coeur des activités futures de l’OMM; il permettra de bien planifier et mettre en place les systèmes d’observation requis dans les secteurs prioritaires du CMSC et d’autres domaines d’application.

Contribution interne

L’auteur remercie le Secrétariat de l’OMM de son aide et, plus précisément, Miroslav Ondras et Igor Zahumensky d’avoir contribué à la rédaction de cet article.

______________

1 Vice-Présidente de la Commission des systèmes de base de l’OMM, Présidente du Groupe de coordination intercommissions pour le WIGOS et Directrice adjointe par intérim (systèmes et services d’information) au Service météorologique australien.

 
    Partager :