par Markus Heene1
D’immenses efforts ont été accomplis depuis deux ans pour que le Système d’information de l’OMM (SIO) soit pleinement opérationnel. Les trois grands Centres mondiaux du système d’information qui ont permis le lancement officiel du SIO en janvier 2012 ont été rejoints par quatre centres, et huit autres viendront s’y ajouter en 2014. Ensemble, ces quinze centres joueront un rôle de premier plan pour que le système mondial d’échange de données sur le temps, le climat et l’eau entre dans l’ère d’Internet. L’infrastructure étant pratiquement achevée, les prochaines années verront se concrétiser les énormes avantages que promettait d’apporter ce concept novateur, puisque tous les Membres de l’OMM contribueront activement au SIO et transmettront davantage de données.
La mise en place du SIO découle d’une résolution adoptée en 2003 par le Congrès météorologique mondial en vue d’étendre et de renforcer la gestion et la diffusion des données détenues par les Membres. Jusque là, la Veille météorologique mondiale et les programmes associés étaient seuls à pouvoir échanger des données, par le biais du Système mondial de télécommunications (SMT). Grâce au SIO, d’autres programmes de l’OMM et initiatives internationales peuvent aujourd’hui transmettre et consulter ces données et tous les utilisateurs bénéficient de meilleurs services de gestion et de recherche. Pour assurer une évolution sans heurt, le SIO repose sur l’architecture du SMT, tient compte des installations et investissements existants et offre assez de souplesse pour que les systèmes participants puissent étendre leurs capacités en fonction de l’évolution des responsabilités qui sont les leurs à l’échelle nationale et internationale.
Relier entre eux les centres de données
Le SIO a été pensé de manière à poursuivre les opérations actuelles du SMT qui sont fiables, efficaces et gérées avec soin, tout en intégrant les systèmes modernes fondés sur les technologies Internet en rapide évolution. On peut donc considérer que le SIO comprend deux volets: le premier concerne le fonctionnement du SMT pour les données critiques sur le plan des opérations et des délais, le deuxième ajoute à cela les nouvelles technologies de l’information pour offrir des services souples de recherche, de consultation et d’extraction. Les participants ont ainsi la possibilité de réutiliser leurs systèmes anciens en les complétant par les services du SIO. De plus, un Membre de l’OMM peut déléguer la fourniture de certains services à d’autres Membres. Ces deux principes – réutilisation des systèmes et délégation à d’autres – permettent à tous les Membres d’entrer facilement dans le SIO.
Le SIO regroupe trois catégories de centres. Les Centres mondiaux du système d’information (CMSI) sont la principale innovation. Chacun gère un catalogue complet de métadonnées en synchronisme avec les autres, conserve en mémoire pendant 24 heures l’ensemble des données et produits devant faire l’objet d’un échange à l’échelle mondiale et offre des services souples d’abonnement. Les CMSI sont reliés par le réseau principal du SIO afin que les avis soient diffusés sur l’ensemble du système dans les deux minutes suivant l’initialisation. Les trois centres qui sont entrés en service en janvier 2012 se trouvent à Beijing (Chine), Offenbach (Allemagne) et Tokyo (Japon)2. Ils ont été suivis par Melbourne (Australie), Toulouse (France), Séoul (République de Corée) et Exeter (Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord). Les centres de Brasilia (Brésil), New Delhi (Inde), Téhéran (République islamique d’Iran), Moscou (Fédération de Russie), Djedda (Arabie saoudite) et Washington (États-Unis d’Amérique) seront bientôt opérationnels. Enfin, les CMSI de Pretoria (Afrique du Sud) et de Casablanca (Maroc) entreront en service en 2014.
La deuxième catégorie est formée par les Centres nationaux du SIO. Le Conseil exécutif de l’OMM a décidé en 2013 que tous les Services météorologiques et hydrologiques nationaux des Membres en feraient partie. Les mesures à prendre pour devenir un centre national sont plutôt réduites. Chacun est associé à un CMSI pour le transfert aval ou amont de données – via Internet, le SMT ou un Centre régional de télécommunications du SMT. La seule tâche nouvelle est la transmission de métadonnées qui décrivent les données et produits fournis afin de permettre la recherche.
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Catégories de centres du SIO et principaux liens entre eux (source: Guide du SIO, OMM-No 1061) |
Les Centres de production ou de collecte de données (CPCD) composent la troisième catégorie. Ils recueillent, diffusent, valorisent et archivent les données et produits régionaux ou liés à des programmes particuliers. Comme les Centres nationaux, ils offrent des services de recherche, de consultation et d’extraction. Ils transmettent les métadonnées de recherche à leur CMSI principal. Parmi ces centres figurent les Centres régionaux de télécommunications, l’Organisation européenne pour l’exploitation de satellites météorologiques (EUMETSAT), le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT) et le Centre africain pour les applications de la météorologie au développement (ACMAD).
Depuis novembre 2013, le SIO compte quelque 230 Centres nationaux, 130 Centres de production et de collecte de données et 15 Centres mondiaux du système d’information, opérationnels ou pré-opérationnels.
Trouver des données grâce au catalogue
Lors du lancement officiel en janvier 2012, le SIO détenait un riche catalogue de quelque 135 000 relevés de métadonnées de recherche, dont 75 000 décrivaient les données et produits du SMT et 60 000 d’autres données et produits. Le catalogue renferme aujourd’hui près de 150 000 relevés.
Le profil des métadonnées de recherche est conforme à la norme ISO 19139. Le choix s’est porté sur une norme bien établie afin que les Membres et les autres fournisseurs du SIO puissent réutiliser les métadonnées de recherche dans le cadre de programmes nationaux, régionaux et interrégionaux. Par exemple, il est possible de réutiliser les métadonnées de recherche du SIO, sans modification, au sein de l’Infrastructure pour l’information spatiale en Europe (INSPIRE) ou du Système mondial des systèmes d’observation de la Terre (GEOSS).
Servir les utilisateurs des données
Le SIO dessert une multitude d’utilisateurs en formant un guichet unique pour toutes les activités touchant à la gestion des données. Pour la première fois, les détenteurs de droits d’accès peuvent trouver et récupérer aisément, au même endroit, toute l’information sur le temps, le climat et l’eau dont ils ont besoin. Les données et produits d’intérêt mondial restent disponibles 24 heures dans la mémoire des CMSI. Les utilisateurs autorisés accèdent immédiatement aux données, ils n’ont plus à attendre indéfiniment que leur demande passe par divers centres du SMT. De plus, ils peuvent modifier facilement leur abonnement et conserver leurs métadonnées de recherche si nécessaire.
Le SIO est en service depuis près de deux ans et il est temps de former les utilisateurs afin qu’ils se familiarisent avec les services offerts. Les CMSI organisent des réunions d’information et des activités de renforcement des capacités pour expliquer le concept du SIO aux utilisateurs et examiner avec eux les métadonnées de recherche et les procédures de transmission des données et produits. Ils dressent également la liste des besoins des utilisateurs et recueillent directement leur avis. Cette remontée d’information est cruciale pour améliorer les services. Les deux parties en profitent: les utilisateurs reçoivent de meilleurs services et réduisent leur charge de travail quotidienne, tandis que les fournisseurs peuvent faire un meilleur usage des ressources ainsi libérées, ce qui améliore encore les services qu’ils procurent et accroît le degré de satisfaction des utilisateurs.
Le SIO dessert des utilisateurs très différents, en plus d’aider les Services météorologiques et hydrologiques nationaux dans leurs activités de surveillance et de prévision. En voici deux illustrations:
- Une doctorante sud-africaine étudie les anomalies climatiques en Asie de l’Est – En envoyant une simple demande de recherche à son CMSI, elle obtient toutes les données d’observation et tous les produits qui correspondent à sa requête. Grâce aux métadonnées de recherche, elle connaît le format des données et sait où trouver d’autres informations pour le décodage. Après avoir téléchargé quelques exemplaires, avoir procédé avec succès au décodage et avoir vérifié ses procédures d’importation, elle souscrit un abonnement pour pouvoir extraire régulièrement les données en question.
- Un Service météorologique et hydrologique national a besoin de métadonnées pour les produits publics de son portail de données GEO et veut faire connaître ses produits dans le monde – Le gestionnaire de données se connecte au CMSI principal et, à l’aide de l’éditeur en ligne, il crée les métadonnées pour les météogrammes diffusés sur le Web. Après avoir sauvegardé les relevés de métadonnées, il les télécharge pour son portail national GEO. Pendant ce temps, les autres CMSI sont venus chercher les relevés qui sont ainsi disponibles dans le monde entier.
Un exemple bien réel est le projet BALTRAD financé par l’Union européenne, qui a mis en place un réseau de radars météorologiques dans la région de la mer Baltique. Le projet a besoin que le plus grand nombre possible de stations des organismes participants transmettent la hauteur totale des précipitations déversées en 12 heures. L’analyste lance sur le SIO une recherche combinée de données sur les précipitations mesurées dans la région. Après avoir choisi les valeurs qui l’intéressent, il souscrit au service afin de les récupérer.
En deux courtes années de fonctionnement, le SIO a réussi à établir un cadre global de gestion des données dans l’ensemble de l’Organisation, y compris le nouveau Système mondial intégré des systèmes d’observation de l’OMM (WIGOS), et dans les initiatives internationales associées tel le Programme mondial de recherche sur le climat. Il apporte une précieuse contribution aux personnes, projets, programmes et organisations qui ont besoin d’informations sur le temps, le climat et l’eau. Qui plus est, le SIO intensifiera la communication entre les Membres et inspirera de nouvelles formes de coopération dans divers domaines émergents.
Remerciements
L’auteur remercie le Secrétariat de l’OMM, les auteurs du texte WIS in a nutshell et ses collègues Hermann Asensio, Albert Brotzer et Michael Dreiucker de leur contribution à cet article.
Références bibliographiques
WMO Information System Compliance Specifications of GISC, DCPC, and NC, disponible à l’adresse: www.wmo.int/pages/prog/www/WIS/documents/TechnicalSpecification1-2.doc
Manuel du Système d’information de l’OMM (SIO), OMM-No 1060, disponible à l’adresse: http://library.wmo.int/opac/index. php?lvl=notice_display&id=9255
Guide du Système d’information de l’OMM (SIO), OMM-No 1061, disponible à l’adresse: http://library.wmo.int/opac/index. php?lvl=notice_display&id=6857.
WIS in a Nutshell, disponible à l’adresse http://wis.wmo.int/page=wis-in-a-nutshell
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1 Correspondant pour le SIO, Deutscher Wetterdienst
2 Voir également le communiqué de presse No 939 diffusé en 2012: Un nouveau système d’information sur le temps et le climat devient opérationnel, http://www.wmo.int/pages/ mediacentre/press_releases/pr_939_fr.html