Nouvelle édition de l’Atlas international des nuages

23 mars 2017

Fruit de trois années de travail soutenu, une nouvelle édition de l'Atlas international des nuages va être publiée parallèlement à ce Bulletin. L'Atlas international des nuages est la référence mondiale pour l'identification et la classification des nuages et des autres météores. En s'y référant, les Membres de l'OMM garantissent la cohérence des observations dont ils rendent compte autour de la planète.

  • Author(s):
  • par Stephen A. Cohn, du Centre national de recherche atmosphérique (retraité)

Publié pour la première fois il y a plus d'un siècle, en 1896, l'Atlas n'a que rarement été réactualisé. Or, notre monde a beaucoup évolué depuis ses dernières mises à jour (1975 pour le Volume I et 1987 pour le Volume II), notamment en raison de l'avènement de l'Internet et de l'invention de téléphones cellulaires munis d’un appareil photo. Les connaissances scientifiques ont elles aussi considérablement progressé: l'heure était venue de publier une nouvelle version.

Grâce à la qualité des appareils photographiques actuels et à la technologie moderne, l’Atlas s’est enrichi d’excellentes photos de nuages et d’autres phénomènes météorologiques. Il peut ainsi présenter davantage de phénomènes et révéler leurs variations en fonction du lieu et des conditions d’observation.

Internet étant aujourd'hui devenu une ressource primordiale, la nouvelle édition de l’Atlas international des nuages y trouvera sa place. Sa présence y est d’autant plus nécessaire que de nombreux autres atlas mis en ligne pourraient compromettre la normalisation de la classification des nuages à l’échelle planétaire, qui est précisément l’une des raisons d’être de l’ouvrage.

Toutefois, l’édition de 2017 ne se résume pas à une mise en ligne: elle réactualise toutes les informations, adopte un style moderne, et met à profit les fonctionnalités du numérique. Le nouvel Atlas devrait rester la référence mondiale pour la classification et la description des nuages et des autres phénomènes atmosphériques (appelés météores dans le document). Toutes les ressources qu’il offre seront pleinement accessibles aux utilisateurs les plus divers: les observateurs professionnels, les formateurs, les enseignants, les passionnés et le grand public.

La nouvelle mouture conserve la structure en trois parties de l'édition de 1975. Elle offre tout d'abord une définition du concept de météore et une classification générale des phénomènes météorologiques, puis se concentre sur les nuages et présente enfin les météores autres que les nuages: les hydrométéores, les photo-météores, les litho-météores et les électro-météores. L’édition de 2017 apporte toutefois plusieurs éléments nouveaux.

Volutus (Stratocumulus volutus), espèce ajoutée, Szprotawa (Pologne)

 

Nouvelles classifications

L’un des aspects les plus stimulants et les plus salués de la nouvelle édition est qu’elle étend la classification à plusieurs phénomènes qui, bien que connus, n’avaient pas été pris en compte jusque-là. Afin de garantir la continuité avec les versions précédentes, en particulier en ce qui concerne les données climatologiques, les éléments nouveaux ont été ajoutés avec la rigueur voulue, sans modification des classifications existantes.

Comme on peut s'y attendre, rien n'a été ajouté aux dix genres ou types de nuages primaires, mais une nouvelle espèce de nuage, le volutus, a été ajoutée aux genres altocumulus et stratocumulus. Il s'agit d'une masse nuageuse tubulaire horizontale qui paraît souvent rouler lentement autour de son axe. Les volutus créés par la dynamique d'un orage convectif se distinguent de la particularité supplémentaire arcus par le fait qu’ils sont totalement détachés des autres nuages. Le morning glory qu’on observe en Australie est un exemple non convectif de cette espèce.

Cinq nouvelles particularités supplémentaires ont également été ajoutées: asperitas, cavum, cauda, fluctus et murus. L'asperitas, qui a souvent été observée et décrite ces dernières années, est celle qui se voit réserver le plus de place. La Cloud Appreciation Society a vigoureusement plaidé en faveur d’un élargissement de la classification des nuages pour mieux décrire ceux qui présentent cette particularité, à savoir des structures ondulatoires qui sont bien définies dans la partie inférieure, mais plus anarchiques et moins horizontales que la variété ondulatus. Certaines des particularités supplémentaires sont également désignées par un autre nom plus familier. Par exemple, on appelle souvent les fluctus «onde de Kelvin‑Helmholz», le cauda «nuage queue» et le murus «nuage-mur».

Un nouveau nuage annexe, le flumen, a également été inclus. Connu plus généralement sous le nom de «queue de castor», il s'associe aux orages de convection de forte intensité formant des supercellules.

Cette édition introduit aussi cinq nouveaux nuages spéciaux: le cataractagenitus, le flammagenitus, le homogenitus, le silvagenitus et l’homomutatus. Le suffixe -genitus s’associe à un terme désignant le facteur qui a entraîné la formation ou le développement du nuage, alors que -mutatus s’accole au nom du facteur responsable d’un changement de forme du nuage. Ces nuages spéciaux apparaissent à proximité des cataractes, des poches de chaleur créées par des incendies, de zones d’air saturé au-dessus des forêts et de lieux de rassemblement humain.

Les définitions, descriptions et illustrations de météores autres que les nuages incluent désormais de nouveaux phénomènes: on trouve le diable de neige (une tornade de neige) et le diable de vapeur (un tourbillon de vapeur) parmi les hydrométéores, de même que des détails sur les divers types de tornades. Les phénomènes optiques (photométéores) sont richement illustrés par divers type de phénomènes de halos, d'arcs-en-ciel et de mirages. Les électro-météores de la haute atmosphère, connus sous le nom d'esprits et de jets, qui n'avaient pas encore été découverts lors de la publication de l'édition précédente, ont aussi été ajoutés.

Asperitas (Stratocumulus asperitas), particularité supplémentaire ajoutée, Burnie, Tasmanie (Australie)

Des photographies et un contexte plus clairs

Les illustrations de la nouvelle édition sont souvent plus représentatives et de meilleure qualité. Par exemple, la nouvelle image du brouillard montre beaucoup plus nettement l'effet de ce phénomène sur la visibilité horizontale.

Le format en ligne agrémente de plus le contenu et la présentation. Par exemple, une fonction interactive de visualisation des nuages permet aux utilisateurs de mettre en évidence des éléments indiqués dans les légendes. La méthode est beaucoup plus simple que celle de l'Atlas imprimé de 1987, qui exigeait de passer par un système de numéros disposés autour de l'image pour en définir des éléments. Les utilisateurs ont aussi accès à des compléments d’information, tes que des illustrations de sondage thermodynamique, des cartes synoptiques et des images prises par satellite. Grâce au dispositif de visionnement, ils peuvent faire apparaître deux images côte à côte pour comparer des types de nuages similaires mais distincts, ou observer un type de nuage particulier dans différentes zones climatiques ou à deux saisons différentes.

Une fonction d’aide optimisée

Un grand atout de la dernière version de l'Atlas était ses guides graphiques pour le chiffrement des nuages, des diagrammes proposant aux lecteurs un cheminement simple pour déterminer le genre et l'espèce. La nouvelle édition marque une amélioration supplémentaire grâce à un guide plus précis, comprenant des illustrations en couleur avec des hyperliens renvoyant à des photographies. Ce guide s'articule en trois tableaux, consacrés aux nuages qui se trouvent respectivement à l’étage inférieur, à l'étage moyen et à l'étage supérieur. De plus, grâce à un guide simplifié d'identification des nuages, les utilisateurs peuvent maintenant facilement identifier les dix genres. Ce guide sera très utile aux enseignants, aux formateurs et aux observateurs amateurs.

Glossaire

La nouvelle version de l'Atlas est la première à inclure un glossaire de termes. L’Équipe spéciale chargée de la révision du document a souhaité que les utilisateurs puissent trouver des éclaircissements sur quelques noms peu connus et des termes qui, bien que couramment utilisés, restent non définis dans le corps du texte, comme nuage queue de castor.

Améliorations du texte et des images

Halo (nouvelle illustration de photométéore), Klínovec, Ore Mountain (République tchèque)

Diable de neige (nouvelle illustration d’hydrométéore), près du Lac Abraham, Alberta (Canada)

Une amélioration notable qu’offre la version électronique est la possibilité de consulter le texte tout en regardant les images correspondantes – une option que n’offrait pas l'édition précédente, car le texte se trouvait dans le Volume I et les images dans le Volume II. Cette fonction, ajoutée à la possibilité de faire apparaître deux images côte à côte pour les comparer, fait de l'Atlas un très précieux outil de référence et d'enseignement.

Il est maintenant possible de rechercher des images selon la Classification climatique de Köppen et, par exemple, de comparer deux cumulonimbus capillatus, l’un aux tropiques et l’autre aux hautes latitudes, où l'extension verticale est très différente.

Un soin particulier a de plus été mis à rafraîchir la langue et le style, au profit du confort de lecture. Le texte était pour l’essentiel resté inchangé pendant 75 ans, voire davantage. Or, la langue, parlée comme écrite, a évolué. Ainsi, des phrases complexes et subtiles, comme on en trouvait fréquemment par le passé, ont cédé la place au style bref et efficace privilégié sur Internet.

Certaines descriptions et explications ont également été mises à jour pour refléter l’avancement des connaissances scientifiques sur les nuages et les autres météores. Par exemple, les conditions propices à la présence et à la formation de nuages dans la haute atmosphère (les nuages stratosphériques polaires et nocturnes lumineux) sont mieux comprises aujourd’hui.

Un précieux outil pour l'enseignement et la formation

L'Atlas international des nuages, même s'il reste avant tout un ouvrage de référence pour la classification, restera utile pour la formation des observateurs et, dans certains cas, l’enseignement de la météorologie. Son nouveau format électronique le rend particulièrement accessible et ses filtres de recherche permettent de trouver des images non seulement de tous les types de météores, mais aussi de toutes les situations. L'OMM et l'Équipe spéciale ont bon espoir qu'il sera un outil encore plus précieux pour l'enseignement et la formation.

À l'ère du numérique

L’édition 2017 marque l’entrée de l'Atlas international des nuages dans l'ère du numérique. Les observateurs de nuages et d’autres météores, amateurs ou professionnels, y trouveront une ressource en ligne qui est tout à la fois un document de référence, un outil de formation et une source de descriptions et d'images saisissantes. Ils apprécieront de plus de pouvoir s’inspirer de la langue utilisée pour classer et décrire les nuages et les autres météores. Moderne et rigoureuse, cette édition garantit la cohérence et la clarté essentielles pour communiquer dans le domaine.

L'Atlas international des nuages 2017 est accessible à l'adresse https://cloudatlas.wmo.int

L'élaboration de l'Atlas international des nuages 2017 de l'OMM est le fruit d’une collaboration de trois ans entre la Commission des instruments et des méthodes d’observation de l’OMM et son Équipe spéciale (dont la composition est détaillée ci-dessous), le Secrétariat, l'Observatoire de Hong Kong, des experts du domaine, des institutions ayant gracieusement communiqué les tableaux synoptiques et d'autres informations contextuelles et, surtout, d’enthousiastes observateurs et photographes qui nous ont envoyé leurs images.

Membres de l'Équipe spéciale de l'OMM pour la révision de l'Atlas international des nuages:

•        Stephen A. Cohn, Président (États-Unis d'Amérique)

•        Michael Bruhn, Co-Président (Australie)

•        George Anderson (Royaume-Uni)

•        Roger Atkinson (Secrétariat de l'OMM)

•        Marinés Campos (Argentine)

•        Federico Galati (Secrétariat de l'OMM)

•        Ernest Lovell (Barbade)

•        Colleen Rae (Afrique du Sud)

•        Isabelle Rüedi (Secrétariat de l'OMM)

•        Kwong Hung Tam (Hong Kong, Chine)

•        Eliane Thürig-Jenzer (Suisse)

•        Jim Trice (Royaume-Uni)

De très précieuses contributions ont également été apportées par l’inépuisable Frank Le Blancq, expert en nuages, et par les autres spécialistes du monde entier qui nous ont donné des avis et fait part de leurs réflexions.

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