par Martin Parry1, Osvaldo Canziani1 and Jean Palutikof2
Introduction
La partie du quatrième Rapport d’évaluation du GIEC qui traite des conséquences, de l’adaptation et de la vulnérabilité (GIEC 2007a)) analyse trois grandes questions: les effets de l’évolution du climat que l’on peut observer aujourd’hui, les répercussions que les changements projetés risquent d’avoir sur différents secteurs et régions et les mesures qu’il est possible de prendre pour contrer ces impacts. Les 12 conclusions de fond exposées dans le rapport sont résumées ici.
1. Les impacts des changements climatiques sont déjà perceptibles
Le quatrième Rapport d’évaluation du GIEC consacre un chapitre entier aux impacts qu’il est possible d’observer et de mesurer, ce qui n’était pas le cas des documents précédents. L’équipe chargée de la rédaction de ce chapitre a examiné plus de 29 000 séries de données d’observation et a noté que 89 % des tendances révélées concordaient avec le réchauffement. Il reste difficile de dresser un tableau d’ensemble car la plupart des données concernent les terres, plutôt que les océans, et se concentrent sur l’Europe et l’Amérique du Nord. On peut néanmoins conclure que, dans le monde entier, les systèmes naturels sont touchés par les changements du climat régional, en particulier par la hausse des températures, et que ce réchauffement est très probablement dû aux émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique.
Les effets les plus évidents sont la réduction des espaces recouverts de neige ou de glace et la fonte des sols gelés, qui se traduisent par la multiplication et l’extension des lacs glaciaires et par la déstabilisation des sols dans les régions montagneuses et les autres zones de pergélisol. Bien que le recul le plus marqué de l’étendue des glaces soit survenu dans l’Arctique, c’est dans les montagnes des tropiques, par exemple sur le Kilimanjaro, que certains effets sont particulièrement frappants (figure 1).
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Figure 1 — Recul des glaciers du Kilimanjaro entre 1912 et 2003
(GIEC, 2007a)) |
Tout indique que le réchauffement récent du climat perturbe profondément les écosystèmes terrestres, entre autres le caractère hâtif des phénomènes printaniers (apparition des feuilles sur les arbres, migration des oiseaux, ponte des œufs) et le déplacement de l’aire de répartition d’espèces animales et végétales. Dans les océans, surtout aux hautes latitudes, on observe un déplacement des aires de répartition et une modification de l’abondance d’algues, de plancton et de poissons.
C’est sans doute dans les océans que l’impact des émissions de gaz à effet de serre est le plus grand. L’eau s’est acidifiée en raison de l’absorption du dioxyde de carbone et de sa trans- formation en acide carbonique. Le pH a baissé de 0,1 unité et on pense que l’accentuation du phénomène aura une incidence notable sur les testacés et crustacés, mais les recherches sur cet aspect n’en sont qu’à leurs débuts.
Les changements climatiques régionaux commencent à avoir des répercussions sur de nouveaux aspects de l’environnement naturel et humain, même si beaucoup sont difficiles à cerner en raison des mesures d’adaptation prises et de facteurs non climatiques tel le changement d’affectation des terres. Par exemple, la plantation se fait plus tôt au printemps, les incendies de forêt sont plus fréquents aux hautes latitudes de l’hémisphère Nord et le Sahel souffre de conditions plus chaudes et plus sèches qui raccourcissent la saison de croissance des cultures.
2. Il est maintenant possible de cerner les principaux impacts et les zones les plus vulnérables
Les nombreuses études réalisées depuis le troisième Rapport d’évaluation du GIEC (2001), notamment dans les régions où peu de recherches avaient été conduites jusque-là, permettent de mieux comprendre pourquoi le moment d’apparition et l’étendue des répercussions dépendent des changements climatiques et de l’élévation du niveau de la mer qui sont associés à l’ampleur et au rythme de la hausse de la température moyenne à l’échelle du globe. Les principales conclusions de ces travaux sont récapitulées dans les figures 2 et 3. L’équipe de rédaction du GIEC a déterminé les systèmes, secteurs et régions qui risquent de souffrir le plus des effets des changements climatiques.
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Figure 2 — Répercussions des changements climatiques (et, le cas échéant, de la hausse du niveau de la mer et des concentrations de CO2) projetées à l'échelle mondiale selon l'augmentation de la température moyenne en surface au XXIe siècle (d'après le GIEC, 2007a), Résumé technique) |
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Figure 3 — Figure 2 — Répercussions des changements climatiques (et, le cas échéant, de la hausse du niveau de la mer et des concentrations de CO2) projetées à l'échelle régionale selon l'augmentation de la température moyenne en surface au XXIe siècle (d'après le GIEC, 2007a), Résumé technique) |
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Les systèmes et secteurs les plus vulnérables sont les suivants:
- La toundra, la forêt boréale, les montagnes, les écosystèmes de type méditerranéen, les mangroves, les marais salants, les récifs coralliens et les biomes des glaces de mer;
- Les basses terres littorales, en raison de l’élévation du niveau de la mer;
- Les ressources en eau aux basses latitudes, à cause de la diminution des précipitations et de la hausse du taux d’évapotranspiration;
- L’agriculture aux basses latitudes, sous l’effet de la baisse des ressources en eau;
- La santé humaine, surtout dans les régions disposant d’une faible capacité d’adaptation.
Quant aux régions les plus vulnérables, ce sont:
- L’Arctique, à cause de la vitesse du réchauffement projeté et de ses impacts sur les systèmes naturels sensibles;
- L’Afrique, notamment la région subsaharienne, vu la faible capacité d’adaptation et les modifications attendues dans le régime des pluies;
- Les petites îles, en raison de la forte exposition de la population et de l’infrastructure aux risques liés à l’élévation du niveau de la mer et à l’intensification des ondes de tempête;
- Les grands deltas asiatiques, tel celui du Gange-Brahmapoutre et du Zhujiang, étant donné la densité de population et la forte exposition à l’élévation du niveau de la mer, aux ondes de tempête et aux inondations fluviales.
Dans les autres régions du globe, même les plus riches, des segments particuliers de la population (par exemple, les pauvres, les jeunes enfants et les personnes âgées), tout comme certaines zones et activités, risquent d’être gravement menacés.
Les modifications qui surviendront dans les ressources en eau disponibles, élément vital pour la santé et la production alimentaire, détermineront en bonne partie les impacts que subiront les régions. Nous avons une meilleure idée, depuis cinq ans, de la façon dont les réserves d’eau pourraient évoluer, avec des indices de baisse importante dans le sud de l’Europe et dans le nord et le sud de l’Afrique. Si ces projections se réalisent, les répercussions pourraient être graves dans les régions concernées (figure 4).
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Figure 4 — Évolution des ressources en eau disponibles dans les années 2090, par rapport à la période 1980-1999. Les valeurs présentées sont les médianes obtenues avec 12 modèles climatiques. Les zones en blanc sont celles où moins de deux tiers des modèles concordent, les zones en pointillé où 90% des modèles concordent (d'après GIEC, 2007c)). |
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3. La fréquence et l’intensité accrues des phénomènes météorologiques extrêmes, l’évolution du climat et l’élévation du niveau de la mer auront très vraisemblablement des impacts
Certains phénomènes météorologiques tels que les vagues de chaleur, les tempêtes et la sécheresse, qui peuvent avoir de graves répercussions, devraient être plus fréquents, plus largement répandus et, parfois, plus intenses. C’est ce que conclut le quatrième Rapport d’évaluation du GIEC, avec plus d’assurance que le précédent. Les impacts devraient être globalement néfastes (réduction des ressources en eau disponibles, perte de récoltes, augmentation des risques de maladie, en particulier celles transmises par les insectes, etc.). Par exemple, on estime que l’activité cyclonique intense devrait augmenter dans les tropiques au XXIe siècle. Il faut donc s’attendre à ce que des événements tel l’ouragan Katrina, qui a balayé la Nouvelle-Orléans en août 2005 et fait quelque 4 000 victimes, surviennent plus souvent à l’avenir (figure 5).
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Figure 5 — Nouvelle-Orleans, États-Unis d'Amérique, le 30 août 2005, le lendemain du passage de l'ouragan Katrina.
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(Jocelyn Ausustino/FEMA) |
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4. Certains événements climatiques de grande ampleur pourraient causer de profonds bouleversements, en particulier après le XXIe siècle
Selon le rapport du Groupe de travail I, la fonte complète de l’inlandsis du Groenland, advenant une hausse de 1,9 à 4,6 °C de la température moyenne du globe par rapport à l’époque préindustrielle, pourrait entraîner une élévation du niveau de la mer de sept mètres sur plusieurs millénaires. Quant à la nappe glaciaire de l’Arctique occidental, sa totale disparition se traduirait par une montée des eaux de cinq mètres. Si cela se produisait, les terres de basse altitude seraient largement inondées. Le Groupe de travail II a estimé très improbable que la circulation océanique profonde de l’Atlantique Nord change brusquement au cours du présent siècle (affaiblissement du Gulf Stream), ce qui pourrait entraîner un refroidissement dans le nord-ouest de l’Europe.
5. L’évolution du climat sera globalement préjudiciable
Le quatrième Rapport d’évaluation du GIEC énonce clairement que les impacts des changements climatiques seront variables selon les régions, mais néfastes dans l’ensemble. Ils entraîneront des coûts nets dans certaines régions des basses latitudes et des pôles, même si le réchauffement est limité. D’autres régions pourraient être avantagées par une hausse de 2 ou 3 °C des températures, avant que les effets préjudiciables ne s’étendent. Par exemple, il est possible que la culture du blé aux latitudes moyennes et élevées bénéficie d’une élévation des températures de 1 à 3 °C, mais le rendement devrait décroître au-delà (figure 6).
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Figure 6 — Sensibilité de la culture du blé sous les latitudes moyennes et élevées. Les réactions vont de l'absence d'adaptation (points orange) à l'adaptation (points verts). Les études analysées considèrent un large éventail de concentrations de CO2 et de variations des précipitations (d'après GIEC, 2007a)). |
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Ces régions étant les greniers de la planète, les conséquences sur le prix des aliments seront âprement ressenties. Le fait que la production agricole constitue une bonne part de la production totale explique la grande incertitude qui est associée aux effets de l’évolution du climat (pertes mondiales de 1 à 5 % du produit intérieur brut pour un réchauffement de 4 °C—conclusion qui vient renforcer celle du troisième Rapport d’évaluation). Il est pratiquement certain, toutefois, que les estimations globales masquent des écarts importants entre les secteurs, régions, pays et populations. Les coûts nets excéderont notablement la moyenne globale à différents endroits et chez plusieurs groupes particulièrement exposés, très sensibles ou peu à même de s’adapter.
6. L’adaptation est nécessaire pour atténuer les impacts du réchauffement rendu inévitable par les émissions passées
Le Groupe de travail I a établi que, même si les émissions étaient stabilisées aujourd’hui, la température mondiale augmenterait de 0,6 °C en moyenne d’ici 2100. Qui plus est, certains objectifs de réduction des émissions postulent que la température moyenne du globe s’élèvera encore de 1,5 °C (soit 2 °C de plus qu’à l’époque préindustrielle). Il faudra donc s’adapter à une évolution importante, quelle que soit l’efficacité des efforts que nous déploierons pour atténuer le phénomène.
7. Certaines mesures d’adaptation sont déjà prises, à une échelle limitée, mais elles devront s’intensifier pour réduire la vulnérabilité à l’égard des changements climatiques
On constate de plus en plus que l’être humain s’adapte aux effets observés et anticipés de l’évolution du climat. Ainsi, les changements climatiques sont pris en considération dans divers projets d’infrastructure, telle la construction d’ouvrages de protection des côtes aux Maldives et aux Pays-Bas. Mentionnons également la prévention des crues éclairs des lacs glaciaires au Népal, la politique de gestion de l’eau en Australie et la réaction des pouvoirs publics aux vagues de chaleur dans plusieurs pays d’Europe.
Il faudra toutefois faire beaucoup plus. L’éventail des possibilités d’adaptation est très large, allant de moyens purement techniques (ouvrages de protection, par exemple) à la modification des comportements (choix alimentaires, formes de loisirs, etc.), en passant par la gestion (pratiques agricoles, notamment) et l’action publique (plans d’aménagement et autres). Toutefois, nous ne savons pas si ces options permettront vraiment de réduire les risques, ni quel en sera leur coût. C’est d’autant plus vrai face à un réchauffement massif à long terme et les auteurs du GIEC estiment que l’adaptation ne saurait être suffisante dans une telle éventualité. Il est donc impératif de conjuguer l’adaptation et l’atténuation, comme on le verra plus loin.
8. Plusieurs facteurs sont susceptibles d’amplifier la vulnérabilité face aux changements climatiques
La vulnérabilité peut être accentuée par des facteurs qui ne sont pas liés au climat mais qui réduisent la résilience et amoindrissent aussi parfois la capacité d’adaptation, parce que les ressources sont affectées à d’autres utilisations. Ainsi, la baisse de la pluviosité au Sahel a contribué à diminuer la superficie du lac Tchad depuis 30 ans. Un autre élément tout aussi important, cependant, est l’augmentation du captage de l’eau des rivières qui alimentent le lac. Il est donc probable que les changements climatiques et d’autres tendances expliquent le rétrécissement observé (figure 7).
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Figure 7 — Série d'images montrant le rétrécissement du lac Tchad (Afrique occidentale) entre 1973 et 2001 |
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9. La vulnérabilité dépendra de l’évolution du climat mais aussi des modes de développement choisis
L’incidence des changements climatiques variera fortement selon les choix effectués en matière de développement socio-économique. De nouvelles études tiennent compte des particularités régionales sur le plan de la population, des revenus et de la technologie, selon différents scénarios. Il est manifeste que le degré de développement influe beaucoup sur la vulnérabilité face aux répercussions des changements climatiques.
On voit, dans la figure 8, le nombre de personnes qui pourraient être victimes d’inondations dans le monde, selon diverses hypothèses relatives au développement socio-économique. Beaucoup plus de personnes seraient touchées selon le scénario de développement du type A2 (faibles revenus par habitant et croissance démographique rapide) que selon d’autres hypothèses, telle la famille de scénarios A1 (revenus élevés et forte population), B1 (développement durable et gouvernance mondiale) ou B2 (développement durable et gouvernance locale). Les écarts qui apparaissent sur le plan des impacts s’expliquent en grande partie, non par l’évolution du climat, mais par le degré de vulnérabilité associé à la richesse et à la technologie. Il s’agit là d’un point important, qui semble indiquer que le choix du mode de développement peut être déterminant pour réduire les répercussions des changements climatiques.
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Figure 8 — Nombre de personnes menacées chaque année par les inondations, à l'échelle mondiale (barres bleues: sans élévation du niveau de la mer; barres mauves: avec une élévation du niveau de la mer) (d'après GIEC, 2007a), Résumé technique) |
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10. Le développement durable peut atténuer la vulnérabilité face aux changements climatiques, mais les changements climatiques peuvent nuire à la capacité d’instaurer un développement durable
Le développement durable peut réduire la vulnérabilité en renforçant la capacité d’adaptation et la résilience. Pourtant, à ce jour, peu de plans axés sur la viabilité intègrent explicitement l’adaptation à l’évolution du climat ou l’élargissement de la capacité d’adaptation. En revanche, il est très probable que les changements climatiques ralentissent les progrès accomplis sur la voie du développement durable (c’est-à-dire empêchent de réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement), que ce soit directement, par l’exposition aux effets néfastes ou, indirectement, par l’affaiblissement de la capacité de s’adapter.
11. Il est possible de diminuer, de différer ou d’éviter de nombreux impacts grâce aux mesures d’atténuation
On détient maintenant quelques évaluations des impacts selon plusieurs scénarios de stabilisation des concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre. Bien que ces études ne tiennent pas parfaitement compte des incertitudes touchant les conditions climatiques projetées, elles donnent une idée des dommages qui pourraient être évités ou de la réduction des vulnérabilités et des risques qui serait possible en fonction de l’ampleur du recul des émissions.
12. En conclusion, il convient de combiner les mesures d’adaptation et d’atténuation pour faire face à l’évolution du climat, mais nous manquons d’informations sur les coûts et les avantages de l’adaptation
Même les mesures d’atténuation les plus rigoureuses ne permettront pas d’éviter toutes les conséquences de l’évolution du climat dans les prochaines décennies. Nous commençons déjà à en voir certaines. L’adaptation est une nécessité, surtout pour parer aux répercussions à court terme. En revanche, notre capacité d’adaptation serait sans doute dépassée à longue échéance si l’évolution du climat se poursuivait au même rythme.
Il est donc primordial d’élaborer un éventail de stratégies qui englobent l’atténuation, l’adaptation, le développement technologique (pour renforcer l’adaptation comme l’atténuation) et la recherche (sur le climat, les impacts, l’adaptation et l’atténuation). L’analyse des avantages que peuvent présenter diverses combinaisons de mesures est cruellement limitée par l’appréciation insuffisante des coûts potentiels des impacts, le manque de données comparables sur les dommages susceptibles d’être évités grâce à l’adaptation et, surtout, la compréhension imparfaite de la manière dont les effets varieront en fonction des modes de développement socio-économique. Il est important et urgent de combler ces lacunes.
1. Coprésident du Groupe de travail II du GIEC, Conséquences, adaptation et vulnérabilité
2. Responsable de l'appui technique, Groupe de travail II du GIEC, Conséquences, adaptation et vulnérabilité
Bibliographie
GIEC, 2007a): Climate Change 2007: Impacts, Adaptation and Vulnerability. Contribution du Groupe de travail II au quatrième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (sous la direction de M.L. Parry, O.F. Canziani, J.P. Palutikof, P.J. van der Linden et C.E. Hanson). Cambridge University Press, Cambridge, Royaume-Uni, 976 p.
GIEC, 2007b): Climate Change 2007: The Physical Science Basis. Contribution du Groupe de travail I au quatrième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (sous la direction de S. Solomon, D. Qin, M. Manning, Z. Chen, M. Marquis, K.B. Avery, M. Tignor et H.L. Miller). Cambridge University Press, Cambridge, Royaume-Uni et New York, États-Unis d’Amérique, 996 p.
GIEC, 2007c): Bilan 2007 des changements climatiques, Rapport de synthèse, GIEC, Genève, Suisse, 102 p