Quel avenir pour le Programme des services météorologiques destinés au public?

01 octobre 2013

Présenté par le Secrétariat de l’OMM

La mission première des Services météorologiques nationaux (SMN) est de servir le public en procurant à l’ensemble de la société des informations essentielles – et fiables – sur le temps, le climat et l’environnement connexe. Ils ont besoin pour cela de la coopération internationale et de l’infrastructure qui soutient la Veille météorologique mondiale (VMM). Grâce à l’échange de données et à la coopération établis dans ce cadre, le tout est plus grand que ses parties.

Les SMN doivent relever de nombreux défis internes et externes – financement, maintenance des réseaux d’observation, concurrence du secteur privé, effectifs, évolution de la technologie, urbanisation croissante, hausse de la pollution, et ainsi de suite. La VMM les a aidés à relever ces défis en créant en 1991 le Programme des services météorologiques destinés au public de l’OMM; ce dernier devait étendre leur capacité de fournir des services météorologiques complets et faire en sorte que la population comprenne mieux les moyens dont ils disposent et la façon d’utiliser au mieux leurs services.

Public Weather Services (PWS) Programme
      © HKO

Pendant les deux dernières décennies, le Programme a organisé au profit des SMN des centaines d’activités de formation, a facilité les travaux de nombreux experts qui ont produit des douzaines de directives et de rapports et a exécuté des projets visant à favoriser le dialogue entre les utilisateurs et les producteurs de l’information météorologique. Après un bref rappel de l’action engagée, nous analyserons certains facteurs d’ordre technologique, social, économique et culturel qui façonneront l’avenir, afin d’entrevoir ce qui attend les SMN. L’article qui suit celui ci, intitulé L’Observatoire de Hong Kong – Servir grâce à la science, en donne un exemple concret du point de vue d’un petit SMN.

La prestation des services et la diffusion de l’information

Les progrès de la technologie, de l’informatique et des communications sont appelés à révolutionner
la collecte, l’utilisation, l’échange, l’intégration et la diffusion des données, informations et connaissances touchant l’environnement. Les données et informations seront fournies à tous ceux qui en ont besoin, au moment et à l’endroit où ils en ont besoin, dans la forme la plus pratique pour eux, de manière organisée et adaptée à l’usage qui en sera fait.

De nombreux SMN proposeront divers modes de prestation de services, utilisant les technologies interactives à la demande et offrant aux utilisateurs des services sur mesure afin d’assurer un accès encore plus rapide à l’information. Les techniques de diffusion évolueront à un rythme accéléré. La présentation graphique des prévisions sera plus variée. L’expansion des communications à large bande amènera à diffuser les prévisions dans un format normalisé, compatible avec tous les appareils de communication et accessible par les services mobiles. Les dispositifs GPS, les téléphones intelligents et les systèmes d’alerte précoce intégreront et afficheront sans discontinuité les données et avis météorologiques sous forme graphique. L’information météorologique en trois dimensions sera consultée sur les médias de diffusion numérique et par les logiciels d’affichage du globe terrestre.

Le défi, pour les Services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN), sera de présenter l’information d’une manière qui satisfait totalement les utilisateurs afin de conserver leur clientèle. Certains SMN pourraient, dans ce but, s’associer à des entreprises privées qui fournissent des solutions ou des applications sur diverses plates-formes afin de rester centrés sur leur véritable sphère d’activité – les services et l’information météorologiques et climatologiques. D’autres pourraient choisir d’offrir simplement l’information dans un format à la portée de tout développeur, par exemple le Protocole d’alerte commun qui a été entériné par l’Union internationale des télécommunications pour faciliter la diffusion en ligne d’alertes à la population (voir MétéoMonde, juillet 2013). Enfin, certains pourraient décider d’acquérir eux-mêmes les capacités nécessaires – en coopération avec d’autres SMN – pour mettre ces applications à la disposition des utilisateurs finals.

Les services axés sur les impacts

La diffusion de l’information adoptera à l’avenir une approche multidanger qui englobera l’ensemble de l’environnement. Les SMN s’acquitteront de cette tâche à partir d’un bureau de prévision qui fonctionnera en étroite concertation avec les organismes partenaires et constituera un guichet unique pour toutes les informations et prévisions touchant au milieu naturel.

La probabilité que surviennent des phénomènes météorologiques ou hydrologiques à fort impact, et leurs conséquences éventuelles, sera intégrée dans les services d’information et de prévision. Ce type de produits imbriqués et de services axés sur les impacts, que commencent déjà à élaborer certains SMHN, tireront parti des liens tissés par les SMN avec les fournisseurs de services correspondants. C’est le cas, par exemple, de l’indice sanitaire de qualité de l’air – qui combine les prévisions du degré de pollution, les renseignements sur les personnes menacées et les mesures à prendre pour limiter l’exposition – qui a été mis au point en partenariat avec des organismes de la santé.

Le bureau de l’avenir
Le bureau de l’avenir. - Université de Caroline du Nord / Andrei State

La création du Programme

La privatisation des services d’intérêt public et la recherche de sources de financement externes se sont accélérées pendant la deuxième moitié du siècle dernier. Les SMN financés par l’État n’ont pas été préservés; ils ont été enjoints d’accroître leur rentabilité en offrant des services «spécialisés» plus lucratifs. En outre, certains SMN ont été confrontés à une vive concurrence de la part des entreprises privées proposant les mêmes services.

En 1987, les par ticipants au Dixième Congrès météorologique mondial sont convenus que tous les SMN bénéficieraient de la mise en commun de leur expérience et compétence concernant les opérations de base entrant dans l’élaboration des services destinés au public. Ils ont également jugé important de se rapprocher des utilisateurs pour trouver des façons de mieux répondre à leurs besoins. La réflexion s’est poursuivie et a abouti à la création du Programme des services météorologiques destinés au public, au sein de la VMM, lors du Onzième Congrès météorologique mondial en 1991. Depuis lors, le Programme aide les SMHN à comprendre pourquoi les utilisateurs ont besoin de leurs services et comment ils s’en servent pour prendre des décisions, afin de s’adapter à ces attentes.

La reconnaissance

L’efficacité de l’action des SMN lorsque survient une catastrophe dépend largement de leur capacité de fournir chaque jour à la population des services météorologiques fiables et de grande qualité. Ils sont alors reconnus par la population comme une source sûre et régulière d’avis faisant autorité sur une diversité de questions liées au temps. Les SMN doivent aussi entretenir de bonnes relations avec les organismes chargés des situations d’urgence et avoir régulièrement avec eux des réunions et d’autres formes d’échanges en vue de planifier avec soin la gestion des catastrophes. Le Guide des pratiques concernant les services météorologiques destinés au public (OMM-No 834), que publie le Programme, renferme des orientations précieuses qui aideront les SMN dans ce domaine et augmenteront leur efficacité dans les opérations quotidiennes comme dans les situations de catastrophe.

Mais les pressions exercées sur certains SMN pour réduire leur taille et accroître leur rentabilité se sont intensifiées malgré tout. Dans un monde d’âpre concurrence, beaucoup avaient perçu l’importance d’augmenter leur visibilité et de démontrer leur utilité en procurant à la population des services météorologiques de qualité et en apparaissant comme la principale source d’information à cet égard. La VMM et le Programme les ont assistés dans cette double démarche en proposant des formations et en publiant des recueils de bonnes pratiques.

Les Nations Unies ont décidé que les années 1990 seraient la Décennie internationale pour la prévention des catastrophes; de son côté, l’OMM choisissait en 1995 de consacrer la Journée météorologique mondiale aux services météorologiques destinés au public. C’était pour les SMN deux excellentes occasions de se faire connaître et de sensibiliser le public. Le Programme et les SMN en ont profité pour montrer que la fourniture rapide de services fiables aux populations locales menacées exige de disposer d’une information météorologique à l’échelle nationale et internationale.

En 2005, le Cadre d’action de Hyogo pour 2005-2015, intitulé Pour des nations et des collectivités résilientes face aux catastrophes, a été négocié et adopté par 168 pays. Désormais, la gestion des risques de catastrophes ne se limiterait plus à intervenir après une catastrophe, elle engloberait des mesures de prévention et de préparation. Les projecteurs se sont alors braqués sur les SMN. Pour atteindre les objectifs du Cadre d’action de Hyogo, le Congrès météorologique mondial a mis sur pied en 2007 le Programme de réduction des risques de catastrophes. Ce dernier a aidé les SMN à coordonner les systèmes d’alerte précoce, lesquels ont associé les populations locales et ont intensifié la coopération entre les services gouvernementaux et entre les pays d’une même région.

Depuis sa création au sein de la VMM, le Programme a coordonné ses activités avec celles d’autres programmes de l’OMM et a mis en avant les avantages socioéconomiques découlant des services météorologiques et hydrologiques. En étroite collaboration avec une multitude d’experts de nombreux Membres de l’OMM, il a produit une somme de travaux – lignes directrices, rapports, articles scientifiques – sur tous les aspects de l’action des SMN.

Les défis et les possibilités de demain

Plusieurs tendances mondiales – poussée démographique, urbanisation, rapides progrès des communications, par exemple – auront dans les prochaines décennies une incidence sur la nature, la portée et la prestation des services météorologiques destinés au public. L’impact le plus marqué se fera sans doute sentir dans les services liés à la production alimentaire et à la gestion des ressources en eau. Les pouvoirs locaux voudront que les SMN leur donnent des indications sur l’utilisation de ressources limitées, telles l’eau et l’énergie. La météorologie urbaine sera essentielle pour résoudre les problèmes et répondre aux besoins des mégapoles tout en permettant un développement durable. Des services différents devront être offerts aux populations rurales et urbaines, dont les modes de vie divergeront toujours plus. Les questions environnementales susciteront un intérêt encore plus grand, notamment les conséquences de la variabilité et de l’évolution du climat.

Soucieux de protéger la population, les gouvernements se tourneront vers les SMN pour savoir comment atténuer les dangers d’origine naturelle et humaine. On attendra beaucoup des SMN, notamment dans la réévaluation des dangers et la fourniture d’alertes plus précoces afin d’intervenir plus efficacement. On attendra aussi d’eux qu’ils anticipent l’arrivée de conditions propices aux épidémies et qu’ils transmettent rapidement ces informations aux organes de santé publique.

La réussite de l’adaptation des SMN dépendra de la mesure dans laquelle ils auront associé le public,
leurs clients et leurs partenaires à l’établissement des priorités et à l’intégration des progrès de la science et de la technologie. La diffusion de l’information se fera essentiellement par un éventail de nouveaux produits et services qui aideront à prendre des décisions éclairées à l’échelon local, national et international. Pour faire oeuvre utile, les SMN devront suivre de près l’évolution des moyens, des méthodes et des besoins des utilisateurs et mettre à profit les progrès scientifiques et les nouvelles technologies et applications pour élargir les services offerts à l’appui du processus décisionnel.

C’est précisément ce genre d’enjeux qui ont amené à créer la VMM, dont l’action se prolongera au sein du Système mondial intégré des systèmes d’observation de l’OMM (WIGOS). Il est possible, grâce à la VMM, de coopérer, d’apprendre et de profiter des connaissances théoriques et pratiques détenues dans le monde entier. Ses nombreux programmes contribuent entre autres à affiner les compétences, à échanger les données et à diffuser l’information.

Le WIGOS mettra tout en oeuvre pour aider les SMN à procurer en temps opportun aux utilisateurs et aux décideurs l’information et les services nécessaires pour accroître la résilience de la société et lui permettre de relever les défis et de saisir les possibilités de demain.

Contribution interne

Haleh Kootval, Chef de la Division des services météorologiques destinés au public, OMM.
 
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