La prévention des catastrophes est une priorité absolue pour l’OMM et l’un des quatre domaines auxquels s’attachera immédiatement le Cadre mondial pour les services climatologiques. Les données EM-DAT1 montrent que 7 870 catastrophes liées au temps, au climat et à l’eau ont été rapportées entre 1970 et 2009; elles ont ôté la vie à 1,86 million de personnes et causé des pertes économiques de 1 954 milliards de dollars É.-U. (en valeur de 2011). Ces événements réduisent à néant le développement socio-économique de plusieurs années, voire de plusieurs décennies, dans les pays les moins avancés notamment. Selon le quatrième Rapport d’évaluation publié par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, la fréquence et la gravité des dangers de nature hydrométéorologique sont à la hausse, ce qui vient contrarier l’instauration d’un développement durable développées comme des nations en développement.
Les priorités de l’OMM en matière de prévention des catastrophes (2012–2015)
Évaluation des risques – Les informations relatives aux aléas climatiques et météorologiques doivent être complétées par des renseignements sur l’exposition et la vulnérabilité afin de dresser un tableau complet des risques. Les tout derniers progrès scientifiques de la prévision et de la modélisation du climat ouvrent des possibilités sans précédent d’analyse et d’anticipation de l’évolution des caractéristiques des dangers et d’allongement des délais sur le plan de l’évaluation. Forts de ces connaissances, les individus, les communautés, les organisations, les entreprises et les gouvernements pourront prendre des décisions en vue de réduire les risques liés au temps et au climat.
Systèmes d’alerte précoce – Un bon système d’alerte précoce suppose plusieurs choses: connaître les dangers, assurer un service de vigilance et d’alerte, disposer de moyens de diffusion et de communication et détenir la capacité d’intervenir. Les services climatologiques sont indispensables pour investir judicieusement dans la création et l’amélioration des systèmes d’alerte précoce, ainsi que pour élaborer des programmes de préparation aux situations d’urgence. Le déclenchement des secours sur le terrain ne peut se faire sans la détection rapide des dangers.
Réduction des risques dans les secteurs sensibles au climat – Les plans multisectoriels qui visent à prévenir les catastrophes et à s’adapter aux nouvelles formes de danger créées par la variabilité et l’évolution du climat exigent une analyse des risques passés, présents et futurs. Les plans multisectoriels et les décisions d’investissement touchent à de multiples domaines, dont la planification financière, le zonage des terres, le développement de l’infrastructure, l’aménagement urbain, l’adaptation des pratiques agricoles, le renforcement de la sécurité alimentaire, la gestion des ressources en eau, la prestation des services de santé et la planification de l’éducation.
Financement et transfert des risques – On entend par là la répartition structurée des impacts financiers des catastrophes dues à des dangers naturels, souvent par le biais de mécanismes d’assurance, mais pas uniquement. Une série de dispositifs de financement et de transfert des risques peut être établie à différents échelons afin de garantir la libération des fonds nécessaires pour agir immédiatement après une catastrophe et pour accompagner le redressement à plus long terme. L’information climatologique sur les caractéristiques des dangers passés et futurs est essentielle à cet égard.
Atlas des pertes humaines et économiques
L’OMM et le Centre de recherche sur l’épidémiologie des désastres (CRED) de l’Université catholique de Louvain feront paraître en novembre 2013 un ouvrage intitulé Atlas of Mortality and Economic Losses from Weather, Water and Climate Extremes (1970–2009). Il donnera une vue d’ensemble des catastrophes liées au temps, au climat et à l’eau survenues dans le monde entre 1970 et 2009, accompagnées de leurs impacts humains et matériels. Les pages qui suivent, extraites de l’atlas, dressent le bilan à l’échelle de la planète avant de s’intéresser à trois Régions de l’OMM, soit l’Afrique (Région I), l’Asie (Région II) et l’Amérique du Nord, l’Amérique centrale et les Caraïbes (Région IV), aux fins de comparaison.
Le monde*, **
Entre 1970 et 2009, 7 870 catastrophes de nature hydrométéorologique ont été signalées dans le monde, provoquant le décès de 1,9 million de personnes et des dommages économiques évalués à 1 900 milliards de dollars É.-U. Au cours de la même période, les dix événements les plus meurtriers ont été responsables de 70 % (1,3 million) des pertes de vies humaines, alors qu’ils ne représentaient que 0,1 % du nombre total de catastrophes. Les dix événements les plus coûteux ont causé 19 % (377 milliards de dollars É.-U.) de l’ensemble des pertes économiques.
Les tempêtes et les inondations ont été à l’origine de 79 % de toutes les catastrophes et ont provoqué 56 % des décès et 85 % des pertes économiques. La sécheresse a été responsable de 37 % de la mortalité totale, en raison surtout des terribles événements qui ont frappé l’Afrique en 1975 et en 1983–1984.
Les chiffres montrent que les per tes économiques rapportées augmentent, tandis que le nombre de décès tend à décroître légèrement. Ce sont les épisodes de sécheresse, les cyclones tropicaux et les inondations qui causent les plus lourdes pertes sur le plan humain et matériel.
Dix catastrophes ayant causé le plus de décès (en haut)
et le plus de pertes économiques (en bas) dans le monde (1970–2009)
Nombre de catastrophes (à gauche), nombre de décès (au centre) et ampleur des pertes économiques (à droite) selon la nature du danger, événements signalés dans le monde
entre 1970 et 2009
Dix catastrophes ayant causé le plus de décès (en haut) et le
plus de pertes économiques (en bas) en Afrique, 1970–2009
Région I de l’OMM
Les 1 137 catastrophes survenues en Afrique entre 197 et 2009 ont entraîné la mort de 695 163 personnes et causé des dommages économiques de 22,2 milliards de dollars É.-U. Les inondations ont été la principale cause des catastrophes (59 %), mais c’est la sécheresse qui a été la plus meurtrière – 97 % environ de tous les décès dus aux phénomènes météorologiques, hydrologiques et climatiques dans la région lui sont imputables. La terrible sécheresse qui a frappé l’Éthiopie en 1975 et celle qui a envahi le Mozambique et le Soudan en 1983–1984 sont à l’origine de la majorité des pertes de vies humaines. Pour leur part, les tempêtes et les inondations ont provoqué les plus lourdes pertes économiques (75 %).
Les dix catastrophes les plus meurtrières ont causé 97% (674 000) des décès, tandis que les dix événements les plus dévastateurs ont provoqué 44 % (9,9 milliards de dollars É.-U.) de l’ensemble des pertes économiques.
Le nombre de catastrophes signalées augmente, mais le nombre de décès accuse un léger recul – sauf pendant l’anomalie de 1980–1989 associée à une intense sécheresse. Aucune tendance ne se dégage en ce qui a trait aux pertes économiques rapportées.
Nombre de catastrophes (en haut), nombre de décès (au
centre) et ampleur des pertes économiques (en bas) selon la
nature du danger, événements signalés en Afrique entre 1970
et 2009
Carte des catastrophes et pertes économiques subies en Afrique
(en milliards de dollars É.-U., 1970–2009)
Carte des catastrophes et pertes humaines subies en Afrique, 1970–2009
Région II de l’OMM
Quelque 2 425 catastrophes ont été signalées en Asie entre 1970 et 2009; elles ont fait 898 726 morts et causé des pertes économiques évaluées à 641 milliards de dollars É.-U. La majorité des catastrophes ont été imputées aux inondations (45 %) et aux tempêtes (36 %). Ce sont les tempêtes qui ont été les plus meurtrières (78 % des décès) et les inondations les plus destructrices (55 % des pertes économiques). Les pires catastrophes sont dues à trois cyclones tropicaux qui ont balayé le Bangladesh et le Myanmar, tuant au-delà de 100 000 personnes. Une grande part des pertes économiques ont été subies par la Chine, notamment lors des inondations de 1998.
Les dix catastrophes les plus importantes ont été à l’origine de 74 % de tous les décès (tuant 665 000 personnes) et de 29 % de l’ensemble des pertes économiques (infligeant des dégâts de 183 milliards de dollars É.-U.).
L’augmentation du nombre de catastrophes rapportées s’est accompagnée d’une hausse des pertes matérielles, mais la courbe des décès présente un léger infléchissement.
Nombre de catastrophes (en haut), nombre de décès (au centre)
et ampleur des pertes économiques (en bas) selon la nature du
danger, événements signalés en Asie entre 1970 et 2009
Carte des catastrophes et pertes économiques subies en Asie
(en milliards de dollars É.-U., 1970–2009)
Carte des catastrophes et pertes humaines subies en Asie (1970–2009)
Dix catastrophes ayant causé le plus de décès (en haut) et le
plus de pertes économiques (en bas) en Asie, 1970–2009
Région IV de l’OMM
Dans cette partie du globe, qui regroupe l’Amérique du Nord, l’Amérique centrale et les Caraïbes, les 1 458 catastrophes signalées entre 1970 et 2009 ont causé la mort de 68 708 personnes et provoqué des dommages de 803,7 milliards de dollars É.-U. La majorité des catastrophes de nature hydrométéorologique et climatique sont imputables aux tempêtes (54 %) et aux inondations (34 %). Ce sont les tempêtes qui ont causé le plus de décès (72 %) et de pertes économiques (80 %). Les phénomènes les plus meurtriers ont été l’ouragan Mitch (14 932 morts) qui a balayé le Honduras et le Nicaragua en 1998 et l’ouragan Fifi (8 000 morts) qui a touché le Honduras en 1974. Du point de vue des dommages matériels, c’est l’ouragan Katrina qui, en 2005, a causé les plus lourdes pertes économiques, soit 142 milliards de dollars.
Les dix catastrophes les plus meurtrières ont causé 58 % (40 000) des décès, tandis que les dix événements les plus destructeurs ont provoqué 41 % (332 milliards de dollars É.-U.) de l’ensemble des pertes économiques.
Le nombre de catastrophes rapportées et l’ampleur des pertes économiques ont fortement augmenté pendant la période visée. Aucune tendance ne se dégage en ce qui a trait au nombre de victimes.
Nombre de catastrophes (en haut), nombre de décès (au
centre) et ampleur des pertes économiques (en bas) selon la
nature du danger, événements signalés en Amérique du Nord,
en Amérique centrale et dans les Caraïbes entre 1970 et 2009
Carte des catastrophes et pertes économiques subies en Amérique du Nord,
en Amérique centrale et dans les Caraïbes (en milliards de dollars É.-U., 1970–2009)
Carte des catastrophes et pertes humaines subies en Amérique du Nord,
en Amérique centrale et dans les Caraïbes (1970–2009)
Dix catastrophes ayant causé le plus de décès (en haut) et le
plus de pertes économiques (en bas) en Amérique du Nord,
en Amérique centrale et dans les Caraïbes, 1970–2009
______________
1 EM-DAT est la base de données du Centre de recherche sur l’épidémiologie des désastres (CRED) de l’Université catholique de Louvain (UCL): www.cred.be/.