By WMO Secretariat1
Le Cadre de Sendai a été approuvé par 187 pays à l’occasion de la troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe qui s’est tenue à Sendai, Japon, du 14 au 18 mars, en commémoration du séisme et du tsunami qui ont dévasté la région de Tōhoku en 2011. La Conférence a réuni plus de 6 500 personnes représentant, entre autres, les gouvernements, les organisations intergouvernementales et non gouvernementales, les médias et les Services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN).
Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, s’est adressé à la communauté internationale pendant la séance d’ouverture de la troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe
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De 2013 à 2015, l’OMM et ses Membres ont participé aux consultations et aux négociations qui ont abouti au Cadre de Sendai, notamment la session 2013 de la Plate-forme mondiale pour la réduction des risques de catastrophe, les conférences ministérielles et plates-formes régionales pour la réduction des risques de catastrophe, les trois sessions du Comité préparatoire de la Conférence, les réunions de consultation et de négociation informelles à participation non limitée et les réunions du Groupe de travail informel sur les cibles et les indicateurs relevant du Comité préparatoire. Les représentants des SMHN et le personnel de l’OMM ont pris activement part aux débats conduits durant la Conférence, ainsi qu’aux travaux des équipes chargées de conceptualiser et de préparer les différentes séances.
Le Cadre de Sendai, principal document issu de la Conférence, a été adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies le 3 juin. Il prend la relève du Cadre d’action de Hyogo pour 2005–2015: Pour des nations et des collectivités résilientes face aux catastrophes.
Objectifs mondiaux et priorités d’action
Le Cadre de Sendai veille à assurer la continuité des activités déployées jusqu’ici par les pays et les autres parties prenantes au titre du Cadre d’action de Hyogo. Ce dernier, pour sa part, avait insu é un nouvel élan aux travaux conduits antérieurement à l’échelle mondiale: Cadre international d’action pour la Décennie internationale de la prévention des catastrophes naturelles, lancé en 1989; Stratégie de Yokohama pour un monde plus sûr: Directives pour la prévention des catastrophes naturelles, la préparation aux catastrophes et l’atténuation de leurs e ets et son Plan d’action, adoptés en 1994; et Stratégie internationale de prévention des catastrophes en vigueur depuis 1999.
Le Cadre de Sendai innove à plusieurs égards, afin de rendre compte des éléments avancés pendant les consultations et les négociations. Parmi les réorientations les plus notables gurent:
- L’accent résolument mis sur la gestion des risques de catastrophe, plutôt que sur la gestion des catastrophes;
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La formulation du résultat escompté suivant: la réduction substantielle des pertes et des risques liés aux catastrophes en termes de vies humaines, d’atteinte aux moyens de subsistance et à la santé des personnes, et d’atteinte aux biens économiques, physiques, sociaux, culturels et environnementaux des personnes, des entreprises, des collectivités et des pays;
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La recherche de moyens d’écarter les nouveaux risques, de réduire les risques existants et de renforcer la résilience;
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La défnition de sept objectifs mondiaux en vue d’atteindre le résultat escompté.
Séance de travail de la Conférence sur la gestion intégrée des ressources en eau dirigée par le Secrétaire général de l’OMM, Michel Jarraud, en sa qualité de Président d’ONU-Eau
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Un autre élément novateur est la défnition des principes qui devront guider pendant les quinze prochaines années la mise en œuvre de cet accord facultatif et non contraignant. Ils énoncent notamment que chaque État, dans toutes ses institutions, est responsable au premier chef de la réduction des risques de catastrophe, mais que les responsabilités doivent être partagées avec les autres parties prenantes, dont les autorités locales, la société civile et le secteur privé. En outre, le Cadre de Sendai a une portée très large, puisqu’il s’applique aux catastrophes causées par des aléas naturels ou par l’homme et aux catastrophes liées aux aléas et risques environnementaux, technologiques et biologiques. Le texte reconnaît explicitement le rôle des di érents intervenants, dont celui joué par le système des Nations Unies, et insiste sur le renforcement de la coopération internationale et sur la création de partenariats mondiaux.
Les quatre priorités du Cadre de Sendai sont les suivantes:
• Comprendre les risques de catastrophe dans toutes leurs dimensions, dont la vulnérabilité, l’exposition et les caractéristiques des aléas;
• Renforcer la gouvernance des risques de catastrophe, par le biais notamment de plates-formes nationales, régionales et mondiales qui favorisent la cohérence des programmes, le suivi, l’examen périodique et la responsabilité en matière de gestion des risques;
• Investir dans la réduction des risques de catastrophe aux fins de la résilience, ce qui inclut l’adoption de politiques et de programmes d’aide qui tiennent compte des risques et l’octroi d’un soutien nancier et de prêts par les institutions financières internationales;
• Renforcer l’état de préparation aux catastrophes pour intervenir de manière efficace et pour «mieux reconstruire» durant la phase de relèvement, de remise en état et de reconstruction, y compris le renforcement de la résilience de l’infrastructure sanitaire, du patrimoine culturel et des lieux de travail.
Les sept objectifs mondiaux énoncés dans le Cadre de Sendai
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Réduire nettement, au niveau mondial, d’ici à 2030, la mortalité due aux catastrophes, de sorte que le taux moyen de mortalité mondiale pour 100 000 habitants pendant la décennie 2020–2030 soit inférieur au taux enregistré pendant la période 2005–2015;
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Réduire nettement, d’ici à 2030, le nombre de personnes touchées par des catastrophes, partout dans le monde, de sorte que le taux moyen mondial pour 100 000 habitants pendant la décennie 2020–2030 soit inférieur au taux enregistré pendant la période 2005–2015;
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Réduire, d’ici à 2030, les pertes économiques directes dues aux catastrophes en proportion du produit intérieur brut;
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Réduire nettement, d’ici à 2030, la perturbation des services de base et les dommages causés par les catastrophes aux infrastructures essentielles, y compris les établissements de santé ou d’enseignement, notamment en renforçant leur résilience;
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Augmenter nettement, d’ici à 2020, le nombre de pays dotés de stratégies nationales et locales de réduction des risques de catastrophe;
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Améliorer nettement, d’ici à 2030, la coopération internationale avec les pays en développement en leur fournissant un appui approprié et continu a n de compléter l’action qu’ils mènent à l’échelle nationale pour mettre en œuvre le présent Cadre;
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Améliorer nettement, d’ici à 2030, l’accès des popu- lations aux dispositifs d’alerte rapide multirisque et aux informations et évaluations relatives aux risques de catastrophe.
Possibilités et défis pour l’OMM
En juin 2015, le Dix-septième Congrès météorologique mondial a réaffirmé que la réduction des risques de catastrophe faisait partie des grandes priorités de l’OMM; il reconnaissait par là même que le Cadre de Sendai intéresse particulièrement l’Organisation et entraîne de nouvelles possibilités, et de nouveaux défis, pour les SMHN. La portée et les objectifs du Programme de réduction des risques de catastrophes, créé en 2003, s’inspiraient du Cadre d’action de Hyogo; il fallait que les SMHN puissent transmettre des informations qui facilitent l’évaluation des risques, la prévention, l’intervention, le relèvement et le transfert des risques dans différents secteurs, favoriser la préparation grâce aux systèmes d’alerte précoce, répondre aux besoins des utilisateurs et coopérer activement aux mécanismes de gouvernance à tous les échelons. Ce programme transsectoriel a grandement aidé les Membres à mettre en œuvre le Cadre d’action de Hyogo. Ses priorités recoupent toutes celles de l’Organisation et contribuent aux domaines associés, tels le développement des capacités et la mise en place du Cadre mondial pour les services climatologiques (CMSC).
L’OMM s’emploie maintenant à adapter son Programme de réduction des risques de catastrophes à la lumière du Cadre de Sendai, sans négliger les autres instruments mondiaux qui importent en la matière, tels les dispositifs visant le développement durable, le changement climatique, l’aide humanitaire et les milieux urbains.
L’OMM s’emploie maintenant à adapter son Programme de réduction des risques de catastrophes à la lumière du Cadre de Sendai, sans négliger les autres instruments mondiaux qui importent en la matière, tels les dispositifs visant le développement durable, le changement climatique, l’aide humanitaire et les milieux urbains. La première étape de cette démarche a été la décision prise par le Congrès et le Conseil exécutif d’établir et de mettre régulièrement à jour une feuille de route qui orientera les activités conduites relativement à tous les aspects de la gestion des risques de catastrophe, ainsi que leur intensification et leur coordination entre les différents organes constituants et programmes de l’OMM. La feuille de route est un plan d’action concerté à l’échelle de l’Organisation qui énonce une série d’activités et d’objectifs prioritaires. Elle sera actualisée constamment et les organes constituants s’assureront que son contenu est conforme au Plan stratégique et au Plan opérationnel de l’OMM, ainsi qu’aux plans de travail a érents aux autres programmes et projets de l’Organisation dans ce domaine. En outre, la feuille de route doit tenir compte des directives et documents pertinents de l’OMM, ainsi que des feuilles de route, cadres de travail et bonnes pratiques établis par les SMHN à l’appui de la prévention des catastrophes.
Le Groupe de travail sur la réduction des risques de catas- trophes relevant du Conseil exécutif a été mis sur pied en 2015 a n de veiller à ce que ces activités restent une priorité dans le Plan stratégique de l’OMM pour la période 2016–2019. L’Organisation aidera les Membres à mettre en œuvre le Cadre de Sendai par ce biais, ainsi que par son engagement envers le Plan d’action des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe aux ns du renforcement de la résilience.
Plusieurs dispositions du Cadre de Sendai, formulées à l’invitation et à l’intention des États, intéressent particulièrement l’OMM:
- Promouvoir la collecte, l’analyse, la gestion et l’exploitation de données utiles et de renseignements pratiques, en tenant compte de la situation de chaque pays, et utiliser les informations spatiales et les données recueillies in situ issues de la poursuite et du perfectionnement des observations de la Terre et du climat e ectuées in situ ou par télédétection;
- Assurer la di usion de données ables sous une forme qui convient et favoriser le libre accès aux informations à caractère non sensible, en tenant compte des besoins des di érentes catégories d’utilisateurs (notamment d’un point de vue socio-culturel, y compris la problématique hommes-femmes);
- Améliorer la modélisation, l’évaluation, la cartographie et le suivi des risques de catastrophe, ainsi que les systèmes d’alerte rapide multirisques, en renforçant les capacités techniques et scienti ques de tirer le meilleur parti et de faire la synthèse des connaissances actuelles et en élaborant et appliquant des méthodes et des outils adaptés;
- Promouvoir et améliorer le dialogue et la coopération entre les milieux scienti ques et technologiques, le secteur privé, les autres parties prenantes concernées et les décideurs a n de créer des liens entre science et politique qui faciliteront la prise de décisions en matière de gestion des risques de catastrophe et la mise en commun des bonnes pratiques à l’échelle internationale;
- Accroître les investissements publics et privés résilients face aux catastrophes dans des mesures structurelles, non structurelles et fonctionnelles de prévention et de réduction des risques de catastrophe;
- Investir dans des systèmes d’alerte rapide multirisques et multisectoriels axés sur la population, les moderniser, les entretenir et les renforcer, y compris des systèmes de télécommunications pour la surveillance des dangers et les situations d’urgence, des installations et du matériel d’alerte rapide simples et