Genève, le 7 mai 2020 – L’Organisation météorologique mondiale (OMM) s’inquiète des répercussions croissantes de la pandémie de COVID-19 sur la quantité et la qualité des observations et prévisions météorologiques, ainsi que sur la surveillance de l’atmosphère et du climat.
Le nombre d’observations météorologiques effectuées par des aéronefs a chuté en moyenne de 75 à 80 % par rapport à la normale, mais avec de très grandes variations régionales. Dans l’hémisphère Sud, il a reculé de près de 90 %. Les observations météorologiques en surface déclinent, en particulier en Afrique et dans certaines régions d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, où de nombreuses stations sont manuelles plutôt qu’automatiques.
C’est sur le Système mondial d’observation de l’OMM que repose l’ensemble des services et produits météorologiques et climatologiques offert par les 193 États et territoires Membres de l’OMM à leurs citoyens. Ce système transmet les observations de l’état de l’atmosphère et de la surface des océans qui ont été recueillies par des instruments au sol, en mer et satellitaires. Ces données servent à élaborer des analyses, prévisions, avis et alertes météorologiques.
«Les Services météorologiques et hydrologiques nationaux continuent de s’acquitter 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 de leurs fonctions essentielles, mais ils rencontrent des difficultés de plus en plus importantes en raison de la pandémie de coronavirus, notamment dans les pays en développement», a indiqué le Secrétaire général de l’OMM, M. Petteri Taalas. «Nous saluons leur engagement à protéger les vies et les biens, mais nous sommes préoccupés par les contraintes grandissantes qui s’exercent sur leurs capacités et ressources,» a-t-il poursuivi.
«Le changement climatique continue d’avoir des incidences et le nombre de catastrophes d’origine météorologique va croissant, comme nous l’avons vu avec le cyclone tropical Harold dans le Pacifique et les inondations en Afrique de l’Est. À l’approche de la saison des ouragans dans l’Atlantique, la pandémie de COVID-19 représente un défi supplémentaire. Elle pourrait exacerber les risques multidangers au niveau national. Il est donc essentiel que les gouvernements se soucient des capacités nationales d’alerte précoce et d’observation météorologique», a déclaré M. Taalas.
Des pans entiers du système d’observation, tels que les composantes satellitaires et de nombreux réseaux terrestres, sont partiellement ou complètement automatisés. Ils devraient donc continuer à fonctionner sans dégradation significative pendant plusieurs semaines, voire davantage dans certains cas. Cependant, si la pandémie se prolonge, l’absence de travaux de réparation, d’entretien et d’approvisionnement ainsi que le manque de redéploiements deviendront de plus en plus préoccupants.
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Les avions de ligne commerciaux contribuent au programme AMDAR de l’OMM (retransmission des données météorologiques d’aéronefs), qui se fonde sur des capteurs, des ordinateurs et des systèmes de communication embarqués pour recueillir, traiter et formater de manière automatique des observations météorologiques, puis les transmettre à des stations terrestres via des liaisons satellites ou radio.
Le système d’observation AMDAR transmet quotidiennement plus de 800 000 observations de qualité supérieure sur la température de l’air, ainsi que la vitesse et la direction du vent, accompagnées des renseignements requis concernant la position et l’heure de l’observation. En outre, de plus en plus de mesures de l’humidité et des turbulences sont effectuées. À l’heure actuelle, 43 compagnies aériennes et plusieurs milliers d’avions contribuent au programme AMDAR, qui devrait considérablement s’étoffer au cours des années à venir en raison de la collaboration établie avec l’Association du transport aérien international (IATA).
Dans l’ensemble, la diminution du nombre de vols commerciaux a entraîné une réduction d’environ 75 à 80 % du nombre de mesures météorologiques effectuées à partir de plates‑formes aériennes. La perte est plus proche des 90 % dans certaines des zones les plus vulnérables, où les autres observations en surface sont rares, c’est-à-dire dans les régions tropicales et dans l’hémisphère Sud.
Certains pays lancent des radiosondes supplémentaires pour atténuer en partie la perte de données d’aéronefs, notamment en Europe, sous la coordination du Réseau des Services météorologiques européens (EUMETNET). Attachées à des ballons météorologiques, qui peuvent atteindre une altitude de 20 à 30 kilomètres, les radiosondes transmettent des mesures sur des variables météorologiques essentielles au cours de leur ascension.
En outre, l’OMM, EUMETNET et les partenaires nationaux du programme AMDAR ont collaboré avec l’entreprise d’électronique aérospatiale FLYHT afin de faire en sorte que toutes les autres observations disponibles effectuées à bord des avions de leurs propres réseaux de compagnies aériennes soient mises à disposition de l’OMM et de ses Membres pendant la crise de la COVID-19.
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Observations en surface
Dans la plupart des pays développés, les observations météorologiques en surface sont désormais presque entièrement automatisées. Toutefois, dans de nombreux pays en développement, le passage à des observations automatisées n’est pas achevé, et la communauté météorologique s’appuie toujours sur des observations effectuées manuellement par des observateurs météorologiques et transmises aux réseaux internationaux pour alimenter des modèles du temps et du climat à l’échelle mondiale.
«Ces maillons humains de la chaîne d’observation et de transmission des données sont très vulnérables aux actuels confinements et politiques de télétravail obligatoire, et nous avons constaté une réduction substantielle des observations de la pression en surface par rapport à la situation avant la COVID-19 (janvier 2020), en particulier pour l’Afrique et certaines régions d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud», a déclaré M. Lars Peter Riishojgaard, Directeur du Bureau du système Terre relevant du Département des infrastructures de l’OMM.
«La pandémie de coronavirus montre clairement qu’il importe de disposer d’un système d’observation résilient», a-t-il poursuivi.
«L’impact global de ce déficit d’observations ne sera probablement pleinement évalué et compris que bien après la fin de l’épidémie. Cependant, à ce jour, aucun des centres mondiaux de prévision numérique du temps (PNT) n’a signalé de pertes catastrophiques de capacités dues au manque d’observations», a-t-il précisé.
«Les observations d’aéronefs en sont un bon exemple. Elles sont universellement considérées comme un des principaux éléments qui concourent au fonctionnement de la PNT. Néanmoins, la crise actuelle nous rappelle qu’il s’agit de données occasionnelles qui peuvent apparaître ou disparaître en raison de circonstances qui échappent à tout contrôle de la communauté de l’OMM. Il sera important de disposer de systèmes complémentaires pour rester capables d’atténuer ces pertes, même lorsque la crise de la COVID-19 appartiendra au passé, dans un avenir relativement proche, espérons-le», a-t-il conclu.
(Carte fournie par l’OMM; au cours de la dernière semaine, les pays représentés par des couleurs plus sombres ont fourni un nombre
d’observations inférieur à la moyenne de janvier 2020 (avant la COVID-19) ; les pays représentés en noir n’envoient actuellement aucune donnée).
Observations maritimes
L’OMM surveille aussi l’échange de données issues des systèmes d’observation maritime, qui permettent d’obtenir de précieux renseignements sur les 2/3 de la surface du globe qui sont couverts par l’océan.
Les systèmes d’observation de l’océan sont également très automatisés, et la plupart de leurs éléments devraient continuer à bien fonctionner pendant une période pouvant aller jusqu’à plusieurs mois. Cependant, il sera nécessaire de redéployer les bouées dérivantes et les flotteurs, d’assurer la maintenance des bouées ancrées et d’entretenir, d’étalonner et de réassortir les systèmes d’observation des navires. On peut donc s’attendre à enregistrer au fil du temps une diminution progressive du nombre d’observations, qui se poursuivra jusqu’à ce que les activités requises d’approvisionnement et d’entretien puissent reprendre. À ce stade, l’impact le plus significatif concerne le Programme de navires d’observation bénévoles (VOS), pour lequel on constate une réduction de la disponibilité des données d’environ 20 % par rapport aux niveaux habituels.
Observations à partir de l’espace
Sur une note positive, la situation actuelle met en avant l’importance et la stabilité de la composante spatiale du Système d’observation, sur laquelle les Membres de l’OMM s’appuie toujours plus. À l’heure actuelle, 30 satellites météorologiques et 200 satellites de recherche transmettent des observations en continu et de manière fortement automatisée. Ces satellites sont exploités par des Membres du Groupe de coordination pour les satellites météorologiques (CGMS) et du Comité sur les satellites d’observation de la Terre (CSOT). À court terme, la composante spatiale du Système d’observation devrait continuer de fonctionner à pleines capacités, mais l’OMM est en liaison avec les exploitants de satellites météorologiques afin de déterminer si l’épidémie de COVID-19 est susceptible d’avoir des répercussions à long terme.
En outre, plus de 10 000 stations météorologiques en surface, automatiques ou dotées de personnel, 1 000 stations aérologiques, 7 000 navires, 100 bouées ancrées et 1 000 bouées dérivantes, des centaines de radars météorologiques ainsi que 3 000 aéronefs commerciaux spécialement équipés mesurent tous les jours des paramètres clés relatifs à l’atmosphère, aux terres émergées et à la surface des océans.
Pour de plus amples renseignements, veuillez prendre contact avec Clare Nullis, attachée de presse (courriel: cnullis@wmo.int; tél. port.: +41 (0)79 709 13 97).