Le premier Forum sur l'évolution probable du climat dans l'Arctique débouche sur une prévision pour la saison d'été
Un Forum sur l'évolution probable du climat dans l'Arctique, le premier du genre à être organisé, a débouché sur une prévision pour la prochaine saison d'été. Il s'inscrit dans le cadre de l'action engagée par la communauté internationale pour améliorer la prévision du temps, du climat et des glaces de mer dans une région qui connaît une transformation rapide de son environnement.
D'après cette prévision, les températures en surface devraient se maintenir à des niveaux supérieurs à la normale en juin, juillet et août 2018, tandis que l'étendue de la banquise devrait être inférieure à la normale dans la majeure partie de l'Arctique.
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Prévision d'ensemble probabiliste multimodèle de la température en surface pour l'été 2018, montrant trois catégories (en-dessous de la normale, proche de la normale, au-dessus de la normale) (wmoolc.org)
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C'est la réalité du changement climatique et de ses conséquences qui a précipité la décision d'établir, pour l'été et pour l'hiver, des prévisions saisonnières à jour pour l'ensemble de l'Arctique en s'appuyant sur des schémas de coopération régionale qui ont déjà fait leurs preuves dans d'autres régions du monde. Il s'agit de faciliter par ce biais l'adaptation au changement climatique et la prise de décisions dans les secteurs d'activité sensibles aux conditions climatiques.
L'Organisation météorologique mondiale a coparrainé la réunion qui s'est tenue les 15 et 16 mai à Ottawa sous les auspices d'Environnement et Changement climatique Canada et à laquelle étaient représentés les pays membres du Conseil de l'Arctique.
Conçu comme un véritable dialogue entre les diverses parties prenantes, le forum a été l'occasion de donner la parole aux représentants des organisations autochtones de l'Arctique qui vivent depuis plusieurs générations dans la région et qui ont fait part de leur expérience d'un environnement en mutation en exposant les difficultés auxquelles ils sont confrontés et en indiquant les types de prévisions et de services climatologiques dont ils ont besoin.
Des représentants des secteurs du tourisme et du transport de marchandises par voie maritime avaient été aussi conviés. Ces acteurs ont en effet besoin d'accéder aux informations sur le temps et le climat dans l'Arctique dans l'intérêt de leurs activités, non seulement pour assurer leur propre sécurité mais aussi pour veiller à préserver l'environnement.
Martine Dubuc, sous-ministre déléguée d'Environnement et Changement climatique Canada, a déclaré que les communautés autochtones de l'Arctique étaient aux premières loges pour témoigner des bouleversements sans précédent causés par le changement climatique.
«Les générations qui se sont succédé dans cette région au cours du siècle écoulé ont vu les températures augmenter presque deux fois plus vite que dans le reste du monde. Les modifications du pergélisol dont elles sont témoins ont de graves répercussions sur les infrastructures locales, et c'est aussi leur sécurité alimentaire et leur mode de vie traditionnel qui sont menacés,» a souligné Mme Dubuc dans son discours d'ouverture.
Le Président de l'Organisation météorologique mondiale, David Grimes, a souligné devant les participants que la fonte de la banquise et du pergélisol et l'érosion côtière avaient des conséquences directes pour les populations locales mais aussi des répercussions sur le long terme à l'échelle du globe.
«Une surveillance concertée revêt une importance cruciale dans ces régions reculées et faiblement peuplées. Il nous faut d'urgence comprendre dans quelle mesure et de quelle manière le recul des glaces causé par le changement climatique influera sur la dynamique du climat à l'échelle locale, régionale et mondiale,» a déclaré M. Grimes, qui est Sous-Ministre adjoint d'Environnement et Changement climatique Canada et Directeur du Service météorologique canadien.
«Ce qui se passe dans l'Arctique ne reste pas confiné dans l'Arctique,» a-t-il ajouté.
Le Forum sur l'évolution probable du climat dans l'Arctique (PARCOF) constitue la première étape de l'instauration d'un réseau de centres climatologiques régionaux pour l'Arctique, selon le modèle adopté par l'OMM pour ce type de centre, réseau auquel les pays membres du Conseil de l'Arctique contribueront activement. Ce réseau s'articulera autour de trois antennes régionales, une pour l'Amérique du Nord, une autre pour l'Europe du Nord et le Groenland et une autre encore pour l'Eurasie.
Le Forum tiendra des sessions régulières pour faire le point sur les progrès de la recherche sur le climat et dialoguer avec de hauts responsables et les principales organisations partenaires, de façon à déterminer les produits à fournir en priorité aux secteurs et aux communautés sensibles aux conditions climatiques. Les Membres permanents du Conseil de l'Arctique seront conviés à toutes les sessions futures du Forum.
Dans l'Arctique, la présence ou l'absence de glace détermine bon nombre d'activités comme les transports, la pêche et la chasse, le tourisme et l'extraction de ressources naturelles.
Il y a deux grandes saisons dans l'Arctique: un long hiver glacé qui dure environ neuf mois, et un été frais qui ne dure que trois mois. Les périodes d'embâcle et de débâcle des entre-saisons font partie, pour nombre de secteurs, des principaux facteurs à prendre en considération.
Il y aura donc deux sessions annuelles: une réunion présentielle en avril/mai, avant la débâcle, et une réunion virtuelle en octobre, avant le retour des glaces.
Résumé de la prévision climatique saisonnière (été 2018) pour l'Arctique
Les températures océaniques, la circulation atmosphérique dominante et la répartition des glaces de mer sont les principaux facteurs de prévisibilité du climat dans les régions arctiques telles que la mer de Béring, la mer du Groenland et les régions côtières adjacentes.
Température: la température moyenne en surface pour la période novembre 2017–avril 2018 dans la région arctique, au nord de 65 °N, se classe au troisième rang des plus élevées qui aient été constatées depuis 1949. Elle devrait demeurer supérieure à la normale durant les mois d'été (juin, juillet et août 2018), la prévision étant assortie de probabilités oscillant entre 40 et 70 %.
Précipitations: les précipitations enregistrées entre octobre 2017 et mars 2018 sur l'Arctique ont été légèrement supérieures à la normale. Pour l'été prochain, il existe une faible probabilité qu'elles soient supérieures à la normale en Alaska, dans l'ouest canadien, sur l'archipel de l'Arctique canadien et dans l'Extrême-Orient russe, et inférieures à la normale dans le golfe de Botnie.
Glaces de mer: le maximum saisonnier de l'étendue de la banquise arctique, atteint en mars 2018, se classe au deuxième rang des plus faibles jamais observés, à cause du faible englacement record de la mer de Béring. En raison notamment du record à la baisse de l'hiver précédent et des températures supérieures à la normale observées et prévues pour l'Arctique, l'étendue de la banquise pour l'été à venir devrait être inférieure à la normale dans la majeure partie de la région.
La prévision complète est disponible ici.
Notes aux rédacteurs
La prévision climatique saisonnière pour l'Arctique a été établie lors du premier forum sur l'évolution probable du climat dans l'Arctique (PARCOF) dans le cadre du lancement de la phase de démonstration du réseau de centres climatologiques régionaux (CCR) pour l'Arctique. Le texte et les graphiques ont été conçus en collaboration avec les Services météorologiques de la Fédération de Russie, des États-Unis, du Canada, de la Norvège, du Danemark, de la Finlande, de la Suède et de l'Islande.
L'Organisation météorologique mondiale (OMM) est l'organisme des Nations Unies qui fait autorité pour les questions relatives au temps, au climat et à l'eau.
Site Web: public.wmo.int
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