Avant-propos - M. Petteri Taalas
La Journée mondiale de la météorologie marque l’anniversaire de l’Organisation météorologique mondiale, célébré le 23 mars de chaque année. Le thème retenu en 2021 est «L’océan, le temps et le climat».
Il vient nous rappeler que les origines de l’OMM – et de l’organisation qui l’a précédée, l’Organisation météorologique internationale – sont liées à l’histoire maritime. Lorsque, dans les années 1800, les navires traversaient les océans pour les besoins du commerce, du transport et à des fins d’exploration, la diffusion des informations météorologiques en mer était cruciale pour la sécurité du voyage. C’est ainsi que la collaboration internationale en météorologie a vu le jour. De fait, Matthew Maury, officier de la Marine des États-Unis, océanographe, météorologue et instigateur de la première conférence internationale de météorologie à Bruxelles en 1853, est affectueusement appelé le «père de l’océanographie moderne et de la météorologie navale».
Les échanges entre l’océan et l’atmosphère constituent un élément essentiel pour comprendre les processus climatiques et météorologiques. À l’heure où les risques naturels augmentent en fréquence et en intensité, où les populations commencent à ressentir les effets du changement climatique – dont beaucoup sont liés aux océans –, il est plus important que jamais de comprendre et appréhender les liens symbiotiques entre l’océanographie et la météorologie, alors que l’OMM met en œuvre son approche fondée sur le système terrestre.
D’après le rapport annuel de l’OMM sur l’état du climat mondial, l’année 2020 a été l’une des trois années les plus chaudes jamais observées, malgré le refroidissement induit par la phase de développement de La Niña dans le Pacifique. De nombreux pays ont connu des sécheresses prolongées qui ont allongé la saison des feux dans le monde entier et attisé les incendies. Ainsi peut-on relier les incendies qui ont ravagé l’Australie aux régimes climatiques saisonniers, qui sont devenus plus secs sous l’influence des températures océaniques. Le réchauffement océanique a aussi contribué à une saison record des ouragans dans l’Atlantique et à la survenue de cyclones tropicaux d’une intensité inhabituelle dans l’océan Indien et le Pacifique Sud. Les dégâts causés par les ondes de tempête dans ces régions témoignent de la puissance de l’océan et de son impact dévastateur sur les collectivités côtières. Les tempêtes océaniques non tropicales ont continué de se déchaîner sur les navires, occasionnant de nouvelles pertes humaines et matérielles en mer. En 2020, le minimum annuel de la banquise arctique a été parmi les plus bas jamais constatés. En raison de la fonte des glaces, les populations des régions polaires ont fait face à des inondations côtières anormales et à des dangers liés à la glace de mer.
Pour comprendre l’océan et fournir des services liés à l’océan, l’OMM fait fond sur les nombreux partenariats solides qui sont essentiels pour aider nos Membres à renforcer les services océano-météorologiques et climatiques. L’Organisation maritime internationale (OMI), l’Organisation hydrographique internationale (OHI) et la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l’UNESCO sont à cet égard trois partenaires essentiels, parmi beaucoup d’autres.
En mettant à l’océan à l’honneur pour la Journée météorologique mondiale, l’OMM donne également le coup d’envoi à la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030), comme en témoigne cette édition du Bulletin de l’OMM spécialement consacrée à l’océan. Vous y trouverez un panorama très riche et impressionnant du large éventail d’activités que mènent l’OMM, ses Membres et ses partenaires concernant les océans.
Parallèlement, l’OMM est l’un des candidats désignés du prestigieux prix Earth Shot (2021 à 2030), qui encourage le recherche de solutions visant à soutenir les travaux indispensables à la compréhension de l’océan et du climat au service du développement durable. Je me réjouis de travailler avec vous tous dans le monde entier, en mettant à profit la formidable énergie, la capacité d’innovation et l’engagement des Membres, des partenaires et de la société civile pour faire progresser nos connaissances, nos idées et nos services sur «L’océan, le temps et le climat».
Petteri Taalas
Secrétaire général
Organisation météorologique mondiale
Avant-propos - S. E. Peter Thomson
Venant d’un territoire insulaire et ayant été témoin de nombreux phénomènes météorologiques extrêmes, j’ai le plus grand respect pour les météorologues. Je me surprends souvent à fredonner ces paroles mémorables de Simon et Garfunkel, «I get all the news I need on the weather report» («Toutes les nouvelles dont j’ai besoin, je les trouve dans le bulletin météo»). Donc tout d’abord, au nom des marins en danger, des habitants vulnérables des zones côtières, des agriculteurs tributaires de la pluie et de tant d’autres, je tiens à remercier tous les météorologues pour l’excellent travail qu’ils accomplissent pour nous.
Le fait de grandir sur une île volcanique du Pacifique Sud m’a également permis d’observer directement le cycle hydrologique et de faire l’expérience directe des liens inextricables qui unissent l’océan et le climat. Il apparaissait clairement, même au jeune que j’étais, que l’océan jouait un rôle moteur dans le cycle de l’eau, le temps et le climat; que c’est à lui que l’on devait les pluies douces qui verdissaient nos champs, mais aussi que, de temps en temps, sa puissante énergie était capable de déclencher des tempêtes incroyablement destructrices.
Encore maintenant, je continue de m’étonner que – alors que les océans couvrent plus de 70 % de la surface du globe et abritent la majorité de la vie sur notre planète – une part aussi importante de nos activités économiques et scientifiques fasse si peu de cas de l’océan. En fait, la grande majorité des propriétés de l’océan restent inconnues de la science, et nous ne faisons encore qu’entr’apercevoir les avantages potentiels de l’économie bleue durable. Le moment est venu pour nous de changer la donne pour le mieux, en nous appuyant toujours sur le principe de durabilité et en apportant un plus grand respect et un meilleur équilibre dans notre relation avec l’océan.
Face à la crise climatique qui nous menace, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a déclaré que l’humanité mène une guerre contre la nature, et qu’il est temps de faire la paix. Ce qui me paraît clair, aujourd’hui, c’est que les intérêts supérieurs des océans doivent être pleinement représentés à la table des négociations pour cette paix. Avec l’énergie du soleil, l’océan est le grand régulateur, raison pour laquelle nous devons lui accorder tout le respect qui lui est dû.
Pour comprendre ce que l’on attend de nous, nous devons apprendre et comprendre davantage de choses. Les océans absorbent plus de 90 % de la chaleur piégée par les émissions croissantes de gaz à effet de serre. Il en résulte un réchauffement de leurs eaux, qui provoque des vagues de chaleur marines, le dépérissement des coraux, la fonte des glaces et l’élévation du niveau des mers. Mieux nous comprendrons les interactions entre l’océan, le temps et le climat, mieux nous pourrons prévoir et anticiper les risques météorologiques et climatiques sur terre et dans l’océan.
Au début de l’année 2021, nous avons entamé la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable, durant laquelle nous devrions assister à un formidable essor des connaissances sur l’océan. Je ne doute pas que la détermination de l’OMM à voir la Décennie couronnée de succès jouera un rôle clé dans la réalisation des objectifs assignés à cette entreprise, à savoir nous mener vers un océan sûr, prévisible et transparent.
Je félicite les personnes qui ont participé à ce Bulletin pour leurs comptes rendus des travaux positifs menés dans le monde; et au nom de tous ceux qui œuvrent à la préservation d’un océan sain, je remercie l’OMM d’avoir choisi «L’océan, le temps et le climat» comme thème de la Journée météorologique mondiale de cette année.
Peter Thomson
Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour les océans