Le Laboratoire virtuel de l’OMM pour l’enseignement et la formation dans le domaine de la météorologie satellitale

01 novembre 2016

Le coût élevé des satellites météorologiques, pour un usage somme toute limité, est un problème majeur. Au début des années 1990, Tillman Mohr, alors Directeur général de l’Organisation européenne pour l’exploitation de satellites météorologiques (EUMETSAT), a estimé de manière très approximative que le coût opérationnel de la constellation de satellites météorologiques s’élevait à quelque 2 millions de dollars É.-U. par jour. À peu près à la même époque, une enquête de l’OMM révélait que nombre de ses Membres n’étaient pas en mesure d’obtenir et d’utiliser en temps réel les données ou produits satellitaires et, par conséquent, de profiter des avantages d’un tel investissement.

  • Author(s):
  • James F. Purdom, Volker Gärtner, Maja Kuna-Parrish and the WMO Secretariat

Le Laboratoire virtuel de l’OMM pour l’enseignement et la formation dans le domaine de la météorologie satellite (VLab), qui célèbre cette année son vingtième anniversaire, a fait beaucoup pour remédier à la situation. Il doit maintenant préparer les Membres à une nouvelle génération de satellites aux capacités élargies qui entreront en service entre 2015 et 2021.

L’élaboration d’un concept

Jusqu’au milieu des années 1990, c’est l’OMM qui dispensait à l’échelon international le plus de cours magistraux sur l’utilisation des données et des produits satellitaires. Seulement 20 à 30 personnes pouvaient recevoir cette formation chaque année. Même dans les pays développés, le personnel avait du mal à acquérir les connaissances et les compétences voulues pour utiliser les données et les produits classiques et nouveaux, par exemple ceux issus des satellites géostationnaires lancés par la Chine, EUMETSAT, le Japon et les États-Unis d’Amérique. En outre, le matériel didactique se présentait sous forme imprimée, ce qui coûtait cher à produire et à distribuer.

VLMG-3

Troisième réunion du Groupe de gestion du VLab à Boulder, Colorado, en juin 2007

Premier rang (de gauche à droite): Volker Gaertner, Juan Ceballos, Andy Kwarteng, Daniel Barrera. Deuxième rang: HansPeter Roesli, Richard Francis, Jeff Wilson, Bernadette Connell, Anthony Mostek. Troisième rang: Amadou Garba, James Purdom.

Sous la direction de Tillman Mohr, le Groupe d’experts pour les satellites relevant du Conseil exécutif a cherché à résoudre ces difficultés. Dans son rapport final paru en 1993, il recommandait que le Groupe de coordination pour les satellites météorologiques (CGMS), représentant les agences spatiales, et l’OMM, représentant les centres régionaux de formation professionnelle, élaborent une initiative conjointe d’enseignement et de formation professionnelle. Donald Hinsman (qui dirigeait le Bureau des activités satellitaires de l’OMM) et James Purdom (qui présidait le Groupe d’action sectoriel ouvert des systèmes d’observation intégrés, au sein de la Commission des systèmes de base) ont été chargés de trouver une solution concrète qui associerait un grand nombre de Membres.

La solution a été trouvée en 1995, à l’occasion d’un cours sur l’utilisation des données et des produits satellitaires offert dans les locaux de l’Université du Costa Rica à San José par le Centre régional de formation professionnelle de l’OMM au Costa Rica. L’idée de départ était de réunir, grâce à Internet, des experts en formation dans le monde entier afin de fournir une meilleure assistance aux Membres. Les participants à ce cours, comme les orateurs, étaient certains que l’on pourrait ainsi multiplier le nombre d’utilisateurs et approfondir la formation, justifiant ainsi l’investissement considérable dans les satellites.

Le concept a été affiné et, en décembre 2000, l’Institut de météorologie de Nanjing (devenu l’Université des sciences et techniques de Nanjing) a accueilli en Chine la première formation dispensée par le Laboratoire virtuel. Bernadette Connell, de l’Institut coopératif pour la recherche atmosphérique (CIRA) des États-Unis d’Amérique, s’est rendue sur les lieux et a utilisé la technique VisitView pour diffuser son exposé dans le reste du monde.

Lors de sa première réunion, en mai 2001, le Groupe de gestion du VLab a précisé son mode de fonctionnement, sa stratégie et son programme de travail. Les coprésidents, Richard Francis (d’EUMETSAT) et Jeff Wilson (rattaché alors au Centre de formation professionnelle du Bureau météorologique australien), devaient aller de l’avant avec le concept. En mai 2002, les premiers échanges mondiaux sur la météorologie ont eu lieu par Internet lors du Stage de formation aux applications des données satellitales (Asie-Pacifique) organisé à Melbourne, Australie, avec l’apport d’experts qui se trouvaient en Europe et aux États-Unis d’Amérique. Parmi eux, Ray Zehr du CIRA, a présenté à partir de Fort Collins quatre exposés interactifs aux participants situés à Melbourne et dans d’autres centres régionaux de formation; la preuve était faite que l’on pouvait offrir à distance un enseignement comportant des échanges directs.

À sa deuxième réunion, en décembre 2003, le Groupe de gestion du VLab a proposé d’organiser des discussions mensuelles sur le temps ainsi que des activités de formation phares qui se poursuivent encore aujourd’hui. Il a défini les caractéristiques des postes de travail requis, car le manque de matériel, de logiciel et de ressources pédagogiques empêchait les participants de former leurs collègues une fois de retour chez eux. On devait trouver des fonds pour que chaque participant dispose d’un ordinateur portable. Grâce au CIRA et à une subvention du Service national d’information, de données et de satellites pour l’étude de l’environnement de la NOAA, l’OMM a pu prêter à tous les participants un ordinateur portable comportant l’ensemble du matériel voulu lors d’une formation donnée en 2005 au Costa Rica.

L’infrastructure du VLab

Outre les technologies de l’information accessibles dans la plupart des pays, le VLab a lancé de nouveaux outils, tels VisitView, SABA Centra, GotoMeeting et WebEx, pour qu’une formation interactive puisse avoir lieu dans les centres d’excellence et les Services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN). Ces capacités, présentant un bon rapport coût-efficacité, ont permis au Laboratoire de fonctionner et aux centres d’excellence d’organiser des activités d’envergure mondiale et régionale. Le VLab œuvre en étroite concertation avec le Bureau de l’enseignement et de la formation professionnelle de l’OMM, qui aide les deux groupes à répondre aux besoins de leurs cibles respectives.

Le Laboratoire virtuel a été à la hauteur des attentes, bénéficiant de deux événements survenus entre 2006 et 2009. Le premier a été la nomination d’un technicien chargé de coordonner et de faciliter la tenue d’événements en ligne et la conduite des activités du Groupe de gestion, grâce aux contributions versées de longue date par les exploitants de satellites membres du CGMS dans le Fonds d’affectation spéciale du VLab que gère l’OMM. Le deuxième a été la création d’un site Web qui regroupe l’ensemble de la documentation et du matériel didactique. Il constitue une plate-forme d’échange et de collaboration qui comporte des liens vers les sites Web des organismes participants.

Le réseau du VLab: Exploitants de satellites et centres d’excellence
Huit exploitants de satellites Les centres d’excellence
  • Administration météorologique chinoise (CMA)
  • Commission nationale des activités spatiales (CONAE) de l’Argentine
  • EUMETSAT
  • Institut national de recherches spatiales (INPE) du Brésil
  • Service météorologique japonais (JMA)
  • Administration météorologique coréenne (KMA)
  • Organisation américaine pour les océans et l’atmosphère (NOAA)
  • Roshydromet
  • Afrique du Sud (Pretoria)
  • Argentine (Buenos Aires et Cordoba)
  • Australie (Melbourne)
  • Barbade (Bridgetown)
  • Brésil (Cachoeira Paulista)
  • Chine (Beijing et Nanjing)
  • Costa Rica (San José)
  • Fédération de Russie (Moscou et Saint-Pétersbourg)
  • Kenya (Nairobi)
  • Maroc (Casablanca)
  • Niger (Niamey)
  • Oman (Muscat)
  • République de Corée (Gwanghyewon)

Activités de formation

Chaque centre d’excellence organise des activités de formation et soutient, en général, un ou plusieurs groupes de concertation qui représentent les SMHN de la Région. Une cinquantaine de formations de type classique et virtuel ont été dispensées chaque année entre 2010 et 2014. Toutes les régions ont bénéficié de ces activités, offertes dans toutes les langues officielles de l’ONU plus le portugais. Il s’agissait entre autres d’exposés météorologiques réguliers en ligne, de semaines spéciales, de formations régionales et de tables rondes virtuelles. La multiplication des activités en ligne a accru le nombre de participants dans le monde entier.

Le Laboratoire virtuel a aussi procuré un enseignement et une formation dans d’autres domaines qui intéressent les Membres. Par exemple, une table ronde virtuelle en cinq langues, consacrée au respect des critères de compétence applicables au personnel de la météorologie aéronautique, a donné lieu à 212 connexions à partir de 87 pays.

 

L’avenir

Le Laboratoire virtuel continue à évoluer afin d’améliorer les services liés au temps, au climat, à l’eau et à l’environnement connexe en permettant aux Membres d’exploiter les données et les produits satellitaires. Il a atteint le double objectif qu’il s’était fixé: utilisation des données issues de la composante spatiale du système mondial d’observation et diffusion des connaissances, compétences, méthodes et outils utiles en la matière, au profit surtout des Membres qui disposent de ressources limitées. Le Laboratoire virtuel a montré qu’un réseau de personnes déterminées pouvait offrir de manière innovante, avec un excellent rapport coût-efficacité, une formation de qualité grâce à la mise en commun et à la mobilisation synergique des ressources nationales. Cette réussite a aidé à affiner la proposition d’un campus mondial de l’OMM.

Les liens avec les autres organismes d’enseignement et de formation en météorologie doivent être maintenus afin de poursuivre sur cette lancée. Au cours des prochaines années, la coopération s’intensifiera avec les partenaires, dont le Portail européen de la formation en météorologie (EUMETCAL), le Projet international de formation parrainé par EUMETSAT (EUMETRAIN), le CIRA et le Programme de formation américain COMET, la Conférence internationale CALMet et le Bureau de l’enseignement et de la formation professionnelle de l’OMM. Le Groupe de gestion du VLab s’emploiera à consolider ses partenariats actuels et à en établir de nouveaux, en vue de garantir l’optimisation synergique des initiatives mondiales de formation à une époque de restriction des ressources. Tout porte à croire que la création et la diffusion de ressources éducatives libres s’élargiront au sein des formateurs en météorologie et que le Laboratoire virtuel se joindra aux activités du campus mondial de l’OMM.

Les données et produits satellitaires aident à fournir les services météorologiques, climatologiques et hydrologiques et à atteindre les objectifs prioritaires fixés par le Dix-septième Congrès météorologique mondial en mai 2015. Le Laboratoire virtuel est appelé à jouer un rôle grandissant, au vu notamment des défis qui accompagneront l’arrivée prochaine d’une nouvelle génération de satellites. Nous invitons le lecteur à lire l’article qui suit celui-ci; on y décrit le réseau récemment mis en place pour que les SMHN puissent obtenir et utiliser les données du satellite Himawari-8.

Global VLab Network Le réseau du VLab dans le monde: les agences spatiales (en jaune) et les centres d’excellence du VLab dont les activités de formation sont financées par les exploitants de satellites

 

Authors

James F. Purdom, Retired from the National Environmental Satellite, Data, and Information Service of the U.S. National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA)

Volker Gärtner, Retired from EUMETSAT

Maja Kuna-Parrish, EUMETSAT

WMO Secretariat, Jeff Wilson (Education and Training Office) and Luciane Veeck (Vlab)

Footnotes

1 Later renamed Centres of Excellence (CoEs)

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