L'Organisation météorologique mondiale (OMM) s'est vu décerner le prix LUI Che Woo 2018, dans la catégorie «Amélioration du bien-être de l'humanité». Elle est saluée pour ses efforts soutenus qui ont permis de diviser par 10 le nombre de décès causés dans le monde par des phénomènes extrêmes liés au temps, au climat et à l'eau au cours des 50 dernières années.
S'inscrivant dans la sous-catégorie «Atténuation des conséquences des catastrophes naturelles», ce prix rend hommage aux formidables avancées enregistrées dans le domaine des services météorologiques et climatologiques et aux efforts déployés 24 heures sur 24 et sept jours sur sept par les Services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN) pour fournir des prévisions météorologiques de qualité et diffuser des alertes aux catastrophes pour la sécurité publique.
Cette distinction prestigieuse, de la fondation LUI Che Woo qui a son siège à Hong Kong (Chine), m'a été remise, en ma qualité de Secrétaire général, lors d'une cérémonie organisée le 3 octobre, et j'ai présenté une conférence publique sur le thème d'une société résiliente aux aléas météorologiques et climatiques. D'un montant avoisinant 2,5 millions de dollars, le prix en question permettra à l'OMM de renforcer les initiatives axées sur la prévention des catastrophes, notamment celles qui ont trait aux systèmes d'alerte précoce multidangers, à l'appui des opérations humanitaires menées par les Membres ou sous l'égide des Nations Unies.
Dans ce contexte, nous nous sommes engagés, aux côtés de la Banque mondiale, à créer une alliance pour le développement de l'hydrométéorologie (disponible en anglais) afin de donner une nouvelle impulsion à la science et à l'information météorologiques et de rendre ainsi la société plus résiliente. Nous avons aussi signé un nouvel accord-cadre avec la Banque mondiale dans le but de simplifier et de rationaliser le processus par lequel l'OMM fournit une expertise technique.
Aujourd'hui plus que jamais, l'OMM et les SMHN contribuent de façon essentielle à accroître la résilience au temps et au climat à l'appui du Programme de développement durable à l'horizon 2030, de la prévention des catastrophes et de la lutte contre le changement climatique. Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déclaré que celle-ci faisait partie de ses grandes priorités et qu'il comptait sur les services d'information scientifique de l'OMM pour organiser un grand sommet sur le climat en septembre 2019.
Comme les années précédentes, 2018 a connu une succession de phénomènes météorologiques extrêmes à fort impact - vagues de chaleur, sécheresses, cyclones tropicaux intenses, inondations dévastatrices, etc. - et une fois de plus, ce sera l'une des années les plus chaudes jamais enregistrées malgré le refroidissement induit en début d'année par le phénomène La Nina.
Le changement climatique est une réalité et ses effets se font de plus en plus sentir, comme l'a souligné, preuves scientifiques à l'appui, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) dans son rapport spécial sur les conséquences d'un réchauffement planétaire de 1,5 ° C (disponible en anglais). Ce document porte sur les conséquences d'un réchauffement planétaire de 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels et les profils connexes d'évolution des émissions mondiales de gaz à effet de serre, dans le contexte du renforcement de la parade mondiale au changement climatique, du développement durable et de la lutte contre la pauvreté.
C'est en 2015, lors de la signature de l'Accord de Paris sur le climat, que les gouvernements ont invité le GIEC à établir ce rapport. Parmi ses objectifs à long terme, cet accord prévoit de contenir l'élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre l'action menée pour limiter l'élévation de la température à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels. À cette époque, on en savait relativement peu sur les risques évités par un réchauffement de 1,5 °C au lieu de 2 °C, ou bien sur un profil d'évolution des émissions de gaz à effet de serre qui soit compatible avec un réchauffement du climat limité à 1,5 °C.
Ce numéro met aussi en exergue certaines initiatives récentes visant à mettre sur pied des services climatologiques axés sur les besoins des utilisateurs, à optimiser les services de prévision et d'alerte et accroître ainsi la résilience, et à développer les programmes d'enseignement et de formation professionnelle, qui sont décisifs pour préparer l'avenir.
L'adaptation au changement climatique n'est plus une option, mais bien une nécessité, et plus nous attendons, plus il sera difficile et coûteux d'agir. C'est la raison pour laquelle l'OMM entend renforcer sa contribution scientifique aux mesures d'atténuation du changement climatique et d'adaptation à ce dernier, tout en aidant les Membres à devenir plus résilients grâce à une nouvelle stratégie axée sur une approche du système Terre intégrée et «sans discontinuité» dans les domaines du temps, du climat et de l'eau.
Petteri Taalas
Secrétaire général de l'OMM