La soixante-dix-huitième session du Conseil exécutif s’est tenue à Genève du 10 au 14 juin 2024. Outre cette feuille de route, le Conseil exécutif a adopté un plan de mise en œuvre concernant la Veille mondiale des gaz à effet de serre et le renforcement des activités en lien avec la cryosphère (glace et neige) dans le contexte des changements spectaculaires observés.
Par ailleurs, le Conseil exécutif a approuvé une série de résolutions visant à renforcer les observations du système Terre ainsi que les prévisions et les systèmes d’information associés. Il a adopté des résolutions sur la surveillance du climat et les services climatologiques ainsi que sur la recherche et l’innovation. Il a également créé les conditions requises pour collaborer plus étroitement avec les autres organismes du système des Nations Unies et il a ouvert la voie à l’appui aux acteurs humanitaires par le biais d’initiatives telles que le mécanisme de coordination de l’OMM (WCM), soutenu par le projet Weather4UN.
Feuille de route pour les alertes précoces
L’un des temps forts de cette session du Conseil exécutif a été l’adoption d’une feuille de route relative à l’Initiative EW4All, qui présente la stratégie à suivre et les mesures à prendre pour améliorer la mise en place et l’exploitation des systèmes d’alerte précoce multidangers. Cette feuille de route couvre la période 2024-2027 et contient des dates précises, des résultats attendus et une définition des responsabilités de chacun des acteurs. La date butoir qui y figure est celle fixée par le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres.
«Pour établir des systèmes d’alerte précoce solides, il est nécessaire que la communauté internationale et les gouvernements leur accordent davantage de soutien politique et stratégique et engagent des investissements importants en termes d’infrastructures, de technologie et de formation. Nous devons tous prendre fait et cause pour l’Initiative EW4All au niveau mondial, en plaidant pour une augmentation des investissements et une plus grande volonté politique», a déclaré le Président de l’OMM, M. Abdulla Al Mandous.
«La vie et la sécurité des personnes sont notre priorité absolue. Chaque prévision émise a une dimension humaine. Chaque vie que nous sauvons a un visage humain, une famille, un avenir», a insisté la Secrétaire générale de l’OMM, Mme Celeste Saulo.
«C’est une question de bon sens économique. Les systèmes d’alerte précoce offrent un gain neuf fois supérieur aux investissement consentis. Ils sont la solution la plus simple en matière d’adaptation au changement climatique. Si nous n’investissons pas, le coût de l’inaction sera bien plus élevé que celui de l’action», a-t-elle précisé.
Les systèmes d’alerte précoce ont contribué à diminuer le nombre de décès et à réduire les pertes et les dommages résultant de phénomènes météorologiques, hydrologiques et climatiques dangereux. Ils offrent un retour sur investissement quasiment décuplé.
Toutefois, d’importantes lacunes subsistent, en particulier dans les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés. Ces 50 dernières années, environ 70 % des décès dus à des catastrophes liées au climat sont survenus dans les 46 pays les plus pauvres du monde.
Cette feuille de route vise à tirer parti de l’ensemble du réseau de l’OMM et à renforcer les capacités des Services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN) afin de protéger les vies et les moyens de subsistance. Les Membres de l’OMM ont déjà approuvé la structure qui sous-tend les activités prioritaires, avec des fonctions et des responsabilités bien précises.
La feuille de route définit les risques prioritaires, notamment les crues éclair et les inondations fluviales, les cyclones tropicaux et les tempêtes extra-tropicales, les vagues de chaleur, les vagues de froid, les orages, les périodes de sécheresse, les inondations côtières, les ondes de tempête et les risques liés à la cryosphère tels que les écoulements glaciaires. Elle mentionne également les risques environnementaux tels que les feux de forêt, les tempêtes de sable et de poussière, les tsunamis, les glissements de terrain et l’activité volcanique. Les défis sont énormes, mais les avantages le sont encore plus.
L’Initiative EW4All a été lancée dans un premier groupe de pays et est à présent étendue à d’autres pays pour répondre à la demande et aux besoins. La feuille de route guidera l’OMM dans ses efforts pour accélérer la mise en œuvre de l’Initiative EW4All à grande échelle.
Deuxième pilier de l’Initiative EW4All
L’Initiative EW4All est copilotée par l’OMM et le Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes (UNDRR), avec le soutien de partenaires tels que l’Union internationale des télécommunications (UIT) et la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).
L’OMM est responsable du deuxième pilier, qui concerne la détection, les observations, la surveillance, l’analyse et les prévisions. La feuille de route est donc axée sur ce pilier spécifique. L’objectif est de combler les lacunes critiques, notamment en ce qui concerne le réseau d’observation de base, les produits et données satellitaires ainsi que le Système intégré de traitement et de prévision de l’OMM.
Seuls 50 % des pays déclarent disposer de systèmes d’alerte précoce multidangers adéquats. On note également de grandes lacunes dans les observations en Afrique, dans certaines zones du Pacifique et dans l’ouest de l’Amérique latine.
Dans les 30 pays initialement sélectionnés pour bénéficier d’une assistance coordonnée au titre de l’Initiative EW4All, la moitié des SMHN disposent actuellement d’une capacité élémentaire de surveillance et de prévision et près d’un quart d’une capacité encore moindre.
Un tableau de bord a été lancé lors de la COP 28 pour permettre de suivre en permanence et de façon transparente les progrès réalisés dans le cadre de l’Initiative EW4All.
Plan d’action de l’OMM en faveur des jeunes
Le Conseil exécutif a adopté avec enthousiasme une résolution visant à favoriser la mobilisation de la communauté hydrométéorologique en faveur des jeunes. Un plan d’action en faveur des jeunes sera élaboré et l’OMM rejoindra ainsi les 55 autres organismes du système des Nations Unies qui appliquent la Stratégie des Nations Unies pour la jeunesse.
«Nous devons donner aux jeunes le pouvoir d’intervenir. Il ne s’agit pas seulement de les écouter, mais aussi de leur donner la possibilité d’agir», a expliqué Mme Saulo. «Les jeunes sont notre présent et notre avenir», a-t-elle ajouté.
«Les jeunes sont capables de sortir des schémas de pensée habituels», a souligné le Directeur du Département des services de l’OMM, M. Johan Stander.
Lauréats du Prix de l’OMI
Le Conseil exécutif a rendu hommage à M. Tim Palmer, lauréat du soixante-huitième Prix de l’OMI. Il a décerné le soixante-neuvième Prix de l’OMI à M. Gerhard Adrian. Il a également adopté plusieurs résolutions visant à renforcer le contrôle interne, la gestion financière et la transparence.
Le dernier jour, il a été convenu du thème de la Journée météorologique mondiale 2025: «Combler ensemble les lacunes en matière d’alertes précoces». Les dates et le lieu de la session extraordinaire du Congrès de 2025 ont également été arrêtés, à savoir du 20 au 24 octobre 2025 à Genève.